mardi 31 mars 2020
lundi 30 mars 2020
dimanche 29 mars 2020
La photo
Vous posez tous les trois sur la photo.
Parfaitement immobiles, vos yeux tournés vers l’objectif qui vous a
immortalisés. Un instant rare, précieux, privilégié. Derrière vous, la maison.
Votre maison, celle où vous avez vécu en paix au
cours de toutes ces belles années… On voit le bas de la porte et ses volets en
bois, le perron gris, le crépi blanc de la façade. Au premier plan, les herbes
folles de la pelouse.
Elle se tient droite sur la terrasse. Rayonnant
de grâce, irradiant de beauté. C’est elle la plus âgée ! Son regard est
empreint de douceur et de sérénité. Elle est fière et altière, les yeux
mi-clos, la mine confiante, pleine de malice.
La plus jeune est assise sagement sur la première
marche. Pour une fois qu’elle se tient tranquille ! Elle est tellement
mignonne, gentille et délicate… Elle exprime tout l’amour du monde, avec
candeur et insouciance.
Toi, tu te trouves à l’autre bout du petit
escalier. Tu sembles inquiet, nerveux, sur la défensive, comme à ton habitude.
Tu lances des éclairs noirs, la colère n’est pas loin ! Tu fais tout de
même un effort pour paraître agréable.
J’ai retrouvé la photo quand la plus jeune est
morte, fauchée bêtement par une voiture, un jour pas fait comme un autre. Je
l’ai faite encadrer quand la plus âgée, malade, devenue maigre et fragile, a
rendu son dernier souffle.
Elle est accrochée là, devant moi, bien visible,
sur le mur du salon. Toi, tu résistes au temps qui passe. Ombrageux, ténébreux,
toujours fuyant, rarement confiant, malgré toute l’affection que je te porte.
Tu es le dernier des trois, le seul qu’il me
reste, le prochain sur la liste.
samedi 28 mars 2020
vendredi 27 mars 2020
Le quinzième soir
Expérimentation plus poussée de
l’école en télétravail ce matin et cet après-midi. J’ai appelé les parents et
leurs enfants sur mon téléphone portable sans chercher à cacher mon numéro,
autant qu’ils l’aient dans leur répertoire, l’objectif étant qu’eux aussi m’appellent
si besoin. Pendant les heures scolaires,
ai-je précisé.
J’ai commencé mes appels aux
alentours de 10 heures 30, je suis tombée plusieurs fois sur des répondeurs. À
11 heures 30 j’ai appelé chez Siraj, sa mère m’a répondu qu’il dormait encore,
j’ai proposé de rappeler en début d’après-midi. Il n’avait pas encore fait les
exercices, il écrivait mal alors il voulait utiliser l’ordinateur, son grand
frère collégien allait l’aider. Son travail est arrivé par mail à 16 heures 48.
Je le corrigerai demain à tête reposée et j’appellerai Siraj lundi vers 14
heures.
Coup de fil à mon directeur puis
à mon collègue Charles pour partager mes informations. Sur les six familles que
je devais contacter, une seule n’a pas répondu, silence radio. Dans l’ensemble,
tout le monde travaille pour l’école, à la maison, avec les outils disponibles,
parfois pas grand-chose. Mais la continuité est assurée, c’est plutôt réjouissant !
jeudi 26 mars 2020
Jusqu'ici, tout va bien
À force de se les laver, les
mains sont sèches, elles se crevassent, elles se craquellent, elles deviennent rêches,
sensibles, parcheminées… Ce n’est qu’un moindre mal. Tant que l’on garde le
goût et l’odorat !
Première journée de télétravail,
finalement je n’interviens en renfort que sur la classe de Charles. J’ai pris
connaissance des documents qu’il a envoyés à ses élèves de CM1 via Google
Drive, puis j’ai téléphoné à Siraj pour faire le point avec lui sur son
travail, assisté de sa grande sœur Ikra étudiante en BTS.
S’il fait les maths facilement,
le français et plus particulièrement l’orthographe lui pose des problèmes. Nous
avons revu ensemble la leçon sur le féminin des noms, il l’avait sous les yeux et
moi aussi. Je lui ai envoyé par mail des exercices d’application qu’il doit me faire
parvenir avant demain 11 heures, puis je le rappellerai à 11 heures 30 pour
effectuer les corrections et lui proposer d’autres exercices à l’oral. Nous
fixerons ensemble un nouvel objectif pour lundi.
Cet après-midi, j’ai regardé attentivement
le programme en français des CM2. Je réserve pour demain les leçons et les exercices
de maths avant de contacter les élèves de ce niveau.
De 12 heures 45 à 13 heures 45,
promenade en bottes à travers champs avec ma nouvelle attestation de
déplacement dérogatoire dûment complétée, repas complet et équilibré, encore un
peu de travail scolaire et voilà, c’est fini pour aujourd’hui.
mercredi 25 mars 2020
On nous cache tout, on nous dit rien
Plus on apprend, plus on ne sait
rien…
Pas de radio pour l’instant. J’ai
communiqué par téléphone avec Charles, en charge du CM1/CM2 de mon école de
rattachement. J’ai tous les éléments en main pour travailler… dès demain aux
aurores. Là, je profite de mon mercredi !
Pas de queue au supermarché non
plus, aux alentours de midi j’ai pu remplir mon caddie tranquille. Il ne
restait plus beaucoup de papier hygiénique, j’en ai pris deux gros paquets.
Pareil pour les litières pour chat, mais je n’en ai pas acheté plus que d’habitude !
Une fois qu’on a mangé, il faut bien déféquer. Et proprement, c’est mieux.
Les rayons de bouteilles d’alcool
et de gâteaux apéritif sont bien dévastés, vive les saouleries sur Skype !
Pas d’œufs de poule, seulement un jour sur deux, il faut venir avant 10 heures
pour en avoir. Je me suis rabattue sur les petits œufs de caille.
Me
voilà réachalandée pour une quinzaine de jours, puisqu’il faut limiter les
déplacements au maximum. Ma seule sortie quotidienne sera consacrée à une
promenade de santé, salutaire physiquement et mentalement !
mardi 24 mars 2020
La France a peur (tous les soirs à 20 heures)
Une journée de travail très
agréable, j’ai retrouvé mes deux collègues de mardi dernier, nous étions très
content-e-s de nous revoir. Dix enfants se sont présentés à l’école avec leurs
parents, nous en connaissions déjà deux, Timeo et son petit frère Hugo.
Parcours gymnique dans la salle
d’évolution pour les plus jeunes, mise au travail sérieuse pour les CM1 et CM2.
Après une grande récré dans la cour ensoleillée, j’ai fait une séance de
graphisme avec les deux garçons de grande section, ma collègue s’occupant des
CE1 et CE2.
Cantine pour les enfants, repas pris
en salle des maîtres avec mes collègues, je me suis abstenue pour ma promenade
digestive dans le quartier comme j’aime bien le faire…
L’après-midi, j’ai travaillé en
lecture et en mathématiques avec Neysson, en CE1, tandis que les grandes
sections reconstituaient des puzzles et reproduisaient des figures avec des
pièces géométriques encastrables.
La récré sous le soleil et un
ciel bleu profond, limpide, puis l’arrivée des parents et des animateurs du
centre de loisirs… Et voilà, c’est plié !
Demain, ma sortie sera consacrée
aux courses, les chats n’ont presque plus rien à manger !
lundi 23 mars 2020
Good morning Vietnam !
Les enseignants sont tenus d’appeler
les élèves et leur famille une fois par semaine pour garder le lien et
encourager les troupes, c’est une très bonne idée de notre ministre de l’Éducation
nationale !
Je n’ai pas de classe attitrée puisque
ma mission est d’effectuer des remplacements courts dans les écoles maternelles
et élémentaires de ma circonscription. Mais j’imaginais bien que je serais
sollicitée à un moment ou à un autre.
Ce fut fait ce matin aux alentours de 10
heures 30, l’appel de l’inspecteur me prenant en flagrant délit de « glande »
dans mon lit à trier de vieux CD des Inrocks.
Je vais être mobilisée les deux
semaines à venir (avant la date officielle des vacances scolaires) pour prendre
en charge virtuellement un groupe d’élèves
de CM2 de mon école de rattachement, suppléer les enseignants des deux classes
dans le suivi, les corrections et tout autre domaine qui pourra leur alléger le
travail, ce qui m’apparaît tout à fait légitime.
Personne n’oubliera d’applaudir tous
les soirs à 20 heures celles et ceux qui « montent au front » malgré les
appels au confinement général et à la limitation des déplacements au strict
minimum !
Demain c’est à bibi d’accomplir
son devoir pour la Nation.
Question
du jour : Allons-nous passer à l’heure d’été dimanche 29
mars ? Oh oui oh oui, on en rêve, on n’attend que ça, les longues soirées
en terrasse avec la famille, les amis, les voisins, les chiens, les chats, les
tortues, les poissons rouges…
dimanche 22 mars 2020
C'est tous les jours dimanche !
Lever 7 heures 30, chats nourris,
thé au lait pour changer du café, lecture du roman d’espionnage « Total Labrador »
de Jean-Hugues Oppel, conversation téléphonique avec Catherine, rangement,
ménage, circuit pédestre d’une petite heure liée à mon besoin personnel d’activité
physique, déjeuner équilibré, pas de radio avant 13 heures, appel de ma mère
qui s’est démenée jeudi dernier pour réaliser une collecte de sang dans son
village avec d’autres bénévoles, appel de Pascale pour demander de mes nouvelles…
Difficile de parler d’autre
chose que du quotidien.
C’est
tous les jours dimanche ! a plaisanté mon voisin sur le pas de sa porte,
comme je lui faisais remarquer la régularité de nos échanges depuis quelques
jours, moi rentrant de balade, lui consultant son téléphone portable avec un
joint allumé.
Hier soir, les chiffres sont tombés :
près de 15 000 malades et 562 décès.
Et
ça ne fait que commencer, tout le monde le dit, tout le monde le sait.
samedi 21 mars 2020
En mode week-end
Le
virus n’épargne pas la jeunesse puisque nous savons maintenant que la moitié
des patients ont moins de 60 ans. Pour le coup, je suis dedans ! Les
chiffres s’accélèrent : 12 612 cas et 450 décès sur notre territoire.
En Italie et en Espagne, c’est la cata.
Restrictions des conditions de
sortie, annulation des réunions des élus au premier tour des municipales pour l’élection
du-de la nouveau-nouvelle maire, peut-être
un second tour le 21 juin.
Les
marchés alimentaires restent cependant autorisés, est-ce une bonne chose ?
Perso, je ne m’y risquerai pas.
Une
journée semblable aux précédentes, sauf que mon téléphone n’a pas sonné à 6
heures 30, mais à 8 heures j’étais debout. Infos sur France Inter, nourrissage
de mes petites bêtes, cafetière en route, entretien des litières, coup de balai…
Je me suis remise au lit pour téléphoner à ma tante Martine. Elle va bien.
On
garde les habitudes en usage, on se lave, on s’habille, on fait son lit, l’on
ne se gave pas d’aliments sucrés et l’on fait trois repas par jour, on garde le
lien avec ses proches, on se détend dehors, on fait du vélo et du jogging,
on marche autour de chez soi, on va faire des courses à une personne par
famille, on se donne des objectifs, on fait des listes, on temporise, on
positive.
En
fin de matinée, j’ai opté pour la marche sportive, avec les chaussures adéquates.
Un circuit, cette fois-ci. J’ai croisé une marcheuse, deux joggeurs, deux
cyclistes, quelques voitures. J’ai pris des photos. En revenant j’avais faim, j’ai
mangé une raclette, puis mon frère m’a appelée, on a longtemps parlé. Maintenant
je suis sur l’ordi, je concocte ma Playlist
Confinement à ne pas piquer des hannetons (ou des vers).
Il est clair qu’à partir de
demain, je ne continue pas sur ce blog à faire l’inventaire de mes faits et
gestes, à force toutes les journées vont se ressembler.
Je vais m’atteler à trouver autre chose.
vendredi 20 mars 2020
Joyeux printemps !
Ma journée s’est déroulée sensiblement de la même
façon que la veille. Ce matin, c’est avec Karine que j’ai conversé longuement
au téléphone, puis avec Sabine cet après-midi.
Ma promenade de santé sur le chemin de Claye en fin
de matinée s’est faite dans la rigolade, j’ai pataugé dans la boue avec mes
bottes, quel pied !
J’ai croisé deux cyclistes, un SUV, une femme
avec son chien. J’ai parlé de loin avec ma voisine, échangé un bonjour avec des
personnes de la résidence.
Je n’ai pas cédé à la tentation d’aller faire des
courses, je n’ai besoin de rien et mon compte en banque est quelque peu à sec. Vivre
sur mes réserves. Pour les chats, il y a encore tout ce qu’il faut.
Aux dernières infos disponibles, la France
compte près de 10 000 cas et 372 décès. Dans le monde, c’est 250 000 cas
et plus de 10 000 morts.
Entrons en résistance, ce virus est vraiment méchant !
jeudi 19 mars 2020
Où sont les masques ?
Moi j’en ai trouvé un… Oui, je sais, c’est facile, je ne suis certainement pas la seule à faire cette blague !
À 19 heures hier soir, nous comptions 9134 cas et
264 morts. Nous commençons à comprendre l’ordre impérieux de rester chez nous
jusqu’à atteindre un pallier (l’Italie semble être sur cette voie) et entamer
la décroissance.
C’est incroyablement calme dans ma résidence. Le
chant des oiseaux et le passage de rares voitures sont les seuls bruits qui me
parviennent du dehors. Plus de bus, moins d’avions. Même pas envie de mettre de
la musique : « Enjoy the Silence ».
Pour les infos à la radio, c’est trois fois par
jour, comme les médicaments : le matin, le midi et le soir.
Mon emploi du temps se structure.
Je maintiens la fonction réveil de mon téléphone Travail 6 h 30 (du lundi au vendredi)
avec l’agréable sensation de n’être tenue à rien, seulement pour le plaisir de me
rendormir.
Après le temps du petit-déjeuner (trop souvent
bâclé voire inexistant les jours où je travaille), la prise de connaissance des
nouvelles du jour « Les nouvelles sont mauvaises, d’où qu’elles viennent »,
je téléphonerai à un-e proche, famille, ami-e-s, pour communiquer, pour garder
le lien. Ce matin, l’appel était pour mon père.
Tant que cela sera possible, je
partirai en promenade avec mon laisser-passer. Le chemin de Claye est idéal
pour s’aérer le corps et les neurones. Les rencontres avec des personnes du
village sont les bienvenues, elles me font du bien.
Je m’oblige à préparer un vrai repas
le midi, chose que je ne fais pas forcément lorsque je suis en vacances. Oui
mais là, ce ne sont pas des vacances !
L’après-midi, j’écris. Je bidouille
sur l’ordi. Pour les occupations du soir, j’hésite entre podcast, replay, lecture,
mots fléchés. Ah oui, et à 20 heures, applaudissements de nos terrasses ou balcons
pour tout le personnel soignant qui ne compte pas ses heures.
Mardi 24 mars, j’assure de nouveau l’accueil
des enfants à l’école, avec les deux mêmes collègues.
mercredi 18 mars 2020
Distanciation sociale
Une journée printanière presque normale, j’ai
fait mes trucs habituels du mercredi, non sans être partie avec, en poche, une attestation de déplacement dérogatoire obligatoire, imprimée et remplie par mes soins. Je n’ai croisé aucune force de police ou de
gendarmerie et j’ai pu acheter, sans faire la queue, du pain, de l’essence, du
Doliprane, du tabac et du pinard.
Pas de panique ! Aux Pays-Bas, ils ont
rouvert les coffee shop, avec limitation à la vente au comptoir, pour éviter la
mise en place d’un marché noir. Quel réconfort pour la population !
Je ne compte pas tenir de siège mais néanmoins limiter
mes déplacements comme il est préconisé. Je sortirai dans mon village pour
m’aérer et voir des gens, même de loin. J’aurai encore la liberté de marcher, sur
la Terre, tête en l’air, nez au vent, la fleur entre les dents.
Ceux qui sont contents, en ce moment, ce sont nos
amis les chiens. Toute occasion est bonne pour les sortir, bien plus qu’à l’accoutumée !
Ils constituent de parfaits alibis pour faire le tour du quartier en
possession du précieux sésame !
Demain sera un autre jour.
mardi 17 mars 2020
Les gestes barrières
Qui sont
tous ces vilains français qui, dimanche dernier, ont accompli leurs devoirs
civiques en allant voter et, puisqu’il faisait beau, en ont profité pour
prendre l’air dans les parcs, jardins, bords d’eau, rues et chemins…, plutôt
que de rentrer sagement chez eux, sans faire de vagues ? Tout simplement
des inconscients !
Allez voter messieurs mesdames, il n’y a aucun risque sanitaire,
toutes les précautions sont prises. Ne mettez surtout pas le nez dehors, la
situation est grave, il faut ralentir la progression du virus. Cela se nomme de
l’injonction paradoxale.
Le second
tour des élections municipales est reporté à une date ultérieure, là au moins,
les choses sont claires. Merci, monsieur le Président ! Et je n’oublierai
pas que nous sommes en guerre, vous l’avez assez répété dans votre discours !
Aujourd’hui, j’ai travaillé avec deux collègues du RASED
(maîtres spécialisés) et six enfants de soignants, quatre maternelle et deux
CM1. On a fait du sport, des jeux, de grandes récrés à l’extérieur. L’après-midi,
j’ai fait travailler les CM1 en mathématiques : calcul mental, problèmes
de partage, divisions et multiplications… Je suis enseignante, tout de même !
Ce sera ma seule journée de volontariat de cette semaine.
L’inspection lance les candidatures pour la semaine prochaine, je réponds
présente.
Comme je n’avais
pas piscine hier soir, j’ai pris un bain en écoutant « Le Moujik et
sa femme » (2002) de Jean-Louis
Murat. L’Auvergnat était l’invité d’Antoine de Caunes dans POPOPOP le vendredi
13 mars sur France Inter, il y présentait son nouvel album « Baby Love ».
Cela fera date puisque dorénavant, sur toutes les radios, les entrevues se font
par téléphone.
Pour
écouter l’émission, c’est ici :
Dernier
bilan en France : 6633 personnes contaminées, 148 morts. Dans le monde, plus
de 200 000 cas et 7500 personnes décédées. Non ça c’était hier.
Aujourd’hui mardi 17 mars : 7730 cas et 175 décès.
lundi 16 mars 2020
Stand-by
Hier en fin
d’après-midi, j’ai eu quelques échanges par sms avec mon directeur d’école, qui
demandait à tous ses adjoints s’ils seraient présents demain matin et/ou s’ils
se portaient volontaires pour accueillir les enfants du personnel
médico-social. Ben j’ai dit oui, les deux, mon capitaine. Plus tard dans la
soirée, il m’a enjointe de rester chez moi, un roulement sera organisé, il me
tiendra au courant.
Toutes mes
affaires étaient déjà fin prêtes et ce matin, je me suis réveillée à l’heure habituelle. J’ai appuyé sur le bouton de
la cafetière préparée depuis la veille avant de nourrir mes chats, pris
tranquillement mon petit-déjeuner puis, sans m’être encore habillée, téléphoné
à l’inspection afin d’avoir confirmation de l’ordre de ne pas aller travailler.
C’est tellement bizarre ! Je suis tombée sur l’inspecteur lui-même, qui m’a
répondu par l’affirmative.
Alors je suis
restée en pyjama et j’ai regardé sous la couette un épisode de Capitaine
Marleau en replay. J’adore le personnage interprété par Corinne Masiero,
bourrue mais généreuse, un peu comme moi. Ensuite, je me suis attelée au
processus d’installation de ma nouvelle imprimante : opération réussie.
Nous ne
savons toujours pas si le second tour des élections municipales aura bien lieu, monsieur le Président de la
République s’exprimera ce soir à 20 heures. L’on enregistre en France 5423 cas
confirmés et 127 personnes décédées. Qui dit mieux ? Espagne : 8744
et 297, Italie : 25 000 et 1809. Aux Pays-Bas, où l’on a fermé tous les
lieux publics y compris les maisons closes et les coffee shop, 1135 personnes
ont été contaminées par le virus et 20 en sont mortes.
Je ne cède
pas (encore) à la psychose de dévaliser les supermarchés et remplir à ras-bord
mon réservoir d’essence. Les parcs et les jardins vont fermer, mais heureusement
pas les banques, où l’on pourra toujours aller se dégourdir les jambes !
Je me suis
portée volontaire pour assurer la
classe demain, j’attends la réponse.
dimanche 15 mars 2020
Changer ses habitudes
Le stade 3 de la pandémie
a été décrété hier soir : je dormais déjà. Pour autant je ne mets pas la
tête dans le sable. Ce matin, je me suis réveillée avec l’urgence pressante d’écouter
les informations. Fermeture de tous les commerces non essentiels, maintien des secteurs d’activité d’importance vitale, confirmation des élections
municipales au moins pour le premier tour.
Je suis allée voter, à pied, dans mon village, les
consignes d’hygiène et de prévention étaient bien respectées. J’ai croisé
Laurent qui prenait l’air devant sa supérette tout en grillant une clope,
Nicolas et Déborah, mes anciens voisins, à leur sortie du bureau de vote, plein
de joggeurs et de joggeuses, des cyclistes, des promeneurs en compagnie d’un
chien, des familles en balade, des gens allant ou revenant de la boulangerie, de
la supérette, du tabac, du bureau de vote.
La
pharmacie rouvrira demain. Le salon de coiffure restera fermé ainsi que le
marchand de cycles, la salle de sport, les soins esthétiques, les deux cafés,
les restaurants, la base de loisirs, le bureau de poste… Ouf ! Les tabacs
restent ouverts ! Chouette ! On pourra continuer à se faire enfumer !
À l’heure
où j’écris, l’on fait état en France de 4500 cas confirmés dont 91 mortels. En Italie,
il y a plus de 20 000 malades et 1441 victimes.
Ainsi lundi
soir je n’irai pas à mon cours d’aquagym hebdomadaire, je ne fréquenterai plus les
médiathèques ni les musées, les librairies, les salles de concert, les théâtres.
Je renoncerai au café, au restaurant, au cinéma, au ski, aux matches de foot,
aux réunions, aux vernissages, aux discothèques où je vais pécho. Samedi
21 mars, la permanence en compagnie de Margot au Salon du Luz’Art est annulée,
le local d’exposition fermé…
Ben qu’est-ce
que je fais, maintenant ?
Demain matin, je pars comme d’habitude en voiture vers
mon école de rattachement, à moins que la secrétaire de l’inspection ne m’appelle
avant sur mon portable, ou que je reçoive un email ou un sms du directeur de
mon école, peut-être dès ce soir ?
Demain
matin, j’ai décidé d’aller travailler. Je me porterai volontaire pour assurer
la classe aux enfants des personnels hospitaliers. Ou alors une classe
virtuelle à organiser depuis chez moi… Confinement oblige, pourquoi pas ?
samedi 14 mars 2020
La désertion
Qu’est-ce que tu croyais ?
Que les portes de Beaubourg resteraient ouvertes spécialement pour toi aujourd’hui ?
J’avais prévu d’aller à Paris mercredi après-midi et finalement j’ai eu la
flemme… Dommage pour l’expérience sensorielle qu’est une exposition de Boltanski.
Celle de l’Oude Kerk à Amsterdam en décembre 2017 m’avait fait forte
impression.
Ce matin, afin de vivre tout de même quelque chose d’ordinaire, je me suis rendue au centre
commercial pour effectuer quelques achats. Une nouvelle imprimante car les
chats ont fait tomber la précédente, elle scannait mais n’imprimait plus, dans
la foulée elle est partie au recyclage. Un mini trépied pour travailler, dans
le cadre de mon club photo, sur la pose longue. Un vin d’Asti pour continuer de
témoigner ma sympathie aux Italiens, des produits Yves Rocher et le vanity en
cadeau, un assortiment d’encens indien chez Cultura…
Il n’y
avait pas beaucoup de monde pour un samedi matin et c’était plutôt agréable. Pas
de bousculade, pas d’attente stressante aux caisses, les gens prenaient leur
temps, mettant dans leur chariot des packs d’eau, du papier toilette, des
paquets de pâtes.
Aux dernières nouvelles, il y avait 3661 cas et 79 morts
répertoriés. Mais ça ne fait que
commencer, nous répète-t-on à l’envi. Pour le moment je ne sais quoi
penser, je reste sceptique. Le déni, sans doute.
Ce n’est
pas si grave, n’est-ce pas, puisqu’on maintient les élections municipales ce
dimanche et celui à venir ? En France, le virus fait une trêve le week-end
pour attaquer de plus belle dès le lundi matin !
vendredi 13 mars 2020
Les mesures
Les derniers
chiffres disponibles font état de 61 décès et 2876 cas confirmés. Nous
dirigeons-nous vers la situation de l’Italie, qui a dépassé les 1000 morts hier ?
Apparemment, oui. En solidarité avec nos amis transalpins, je m’offre un verre
de Maschio spumante rosé. 11,5 % tout de même. Je ne vais pas en abuser.
Demain
samedi, je compte aller à Beaubourg pour l’exposition de Christian Boltanski,
qui se termine lundi. J’en profiterai aussi pour voir les œuvres de Pierre
Soulages. On ne signale pas sa fermeture pour le moment, contrairement au
Louvre, Orsay, l’Orangerie, l’IMA, la Villette, Versailles, la Tour Eiffel… Je
vais essayer de vivre normalement, au
moins ce week-end.
Les
élections municipales sont maintenues, j’irai voter dimanche. Les écoles ont
fermé ce soir, mais les enseignants doivent être à leur poste lundi matin, comme d’habitude. Il n’y aura pas d’élèves,
confinement oblige : renvoyés chez eux jusqu’à
nouvel ordre avec leur cartable plein comme une outre. Les adultes pourront
tranquillement se refiler le virus, à moins qu’ils ne se parlent à un mètre de
distance, ainsi qu’il est préconisé. Va-t-on seulement leur offrir un masque ?
Annulation des carnavals !
Je n’ai pas
cédé à l’achat compulsif de gel hydroalcoolique. Dorénavant, je me déplacerai
avec ma boîte à savon et ma serviette à mains perso. Plus écologique que tous
ces flacons en plastique ! Au moins
ça fait marcher l’économie, la solution miracle ! Les rayons de
pâtes vides ça fait drôle, des pâtes j’en ai déjà à quoi bon en acheter d’autres ?
Les Panzani n’ont pas la côte, les produits made in China non plus.
Très bonne
journée de classe avec un CM1 de Franceville aujourd’hui. J’avais déjà remplacé
leur maîtresse, je les connaissais donc un peu. Je débordais d’humour, on a
bien rigolé, on a bossé aussi, chaque journée de classe compte. Une séance de
vocabulaire, on a ouvert les dictionnaires, on a appris des mots nouveaux. Du
calcul mental sur l’ardoise, multiplier par 12, 15, 25, 50, 75… Des problèmes
de fractions et de divisions, correction au tableau par les élèves eux-mêmes.
Le jeu du pendu pour finir la matinée et l’après-midi, la lecture plaisir, la
lecture offerte, les coloriages…
Le
rangement des casiers et des cartables, on n’y croit pas vraiment mais on le
fait quand même. Pauvres enfants, quittant l’école pliés en deux par le poids de
leurs livres, cahiers, classeurs, pochettes, lutins ! Vive les vacances
la classe à la maison !
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