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jeudi 7 mai 2020

Déconfinement mode d'emploi

Alors, tout l’monde est prêt pour le 11 mai ?

Regardez donc komen kon fé laba ;=)

Chaussez vos baskets, mettez votre masque, laissez-vous guider, en route pour le travail :


Merci à ma cousine Clarisse de m’avoir transmis cette vidéo de choc made in the Nike world !

mercredi 6 mai 2020

Isïa Marie



Une découverte musicale de très haute importance que celle d’Isïa Marie, auteure-compositrice-productrice-interprète qu’il me tarde de voir en concert dès le confinement terminé.

Premier titre écouté suite à la réception du courriel de cette artiste parisienne de 26 ans : « C’est pas toi c’est moi » où il est question d’une femme brisée, gisant au sol, victime des violences de celui qu’elle aime jusqu’à y perdre son âme, son identité, sa vie même. La dureté des paroles tranche avec la douceur de la voix, de la mélodie, du style R’n’B.

Exploration de l’univers musical d’Isïa Marie : l’extrait d’un concert en trio à la Boule Noire avec une reprise de Bronski Beat (Smalltown Boy) encore plus pêchue et dansante que l’original, le clip gothique électro rap « Possédée » filmé à l’intérieur d’une abbaye (laquelle ?), les chansons concept « Avec la langue » (adaptation en français de chansons anglophones jouées à la guitare), les reprises d’artistes nationaux comme Mylène Farmer (Sans contrefaçon) ou Julien Doré (Coco Confine, parodie de Coco Câline) et surtout ses compos originales mixant les genres musicaux avec une voix extraordinaire et une aisance époustouflante.

Bref, vous l’aurez compris, voilà une belle personne, généreuse et talentueuse ; cela faisait longtemps que je n’avais pas eu un tel choc en écoutant une « nouveauté ».

Au menu de ce post : la chanson « C’est pas toi c’est moi », l’interview d’Isïa Marie au sujet des violences conjugales « plus que jamais d’actualité pendant ce confinement », le Facebook et la chaîne YouTube de la demoiselle pour vous abonner et écouter toutes ses merveilles dans l’ordre qui vous plaira.

mardi 5 mai 2020

Ma journée d'accueil à l'école maternelle La Fontaine



Dimanche soir, j’ai préparé mes affaires comme je n’avais pas eu l’occasion de le faire depuis longtemps. En effet, lundi 4 mai, je suis attendue à l’école maternelle La Fontaine pour assurer l’accueil des enfants du personnel soignant sans autre moyen de garde.

Deux masques à usage unique m’ont été fournis par l’administration dans une enveloppe scellée à mon nom (je suis allée les chercher le jour de la rentrée des vacances de printemps, le 20 avril) et j’ai acquis depuis peu un flacon personnel de gel hydroalcoolique, plus pratique finalement que l’eau, le savon et la serviette.

Lundi matin, le réveil sonne à six heures trente ; une éternité que ça n’était pas arrivé, la première fois depuis le passage à l’heure d’été. Ça n’a pas dû plaire à Lutin, ma petite chatte blanche, qui, sans vouloir me faire du mal (elle en est bien incapable) me marche sur le visage, dérape au niveau de ma joue droite, se rattrape en sortant ses griffes… Je sens ma peau se déchirer puis le sang couler tout de suite après.

Au moins, c’est une façon radicale de me sortir vite fait du lit. Dans la salle de bain, devant le miroir, je constate l’ampleur des dégâts : une longue balafre horizontale qui va du nez jusqu’à l’oreille. Me voilà équipée pour aller travailler.

Nourrissage de mes petites bêtes qui ont droit à du poulet cuit la veille (moi aussi j’en aurai pour midi, cuisiné aux poivrons et aux tomates avec du riz basmati), mug de café et infos toujours aussi floues sur le déconfinement à la radio, lit en position canapé, toilette, habillage, coiffage, léger maquillage. Je prends mon ordi, ma trousse d’école, mon déjeuner, ma thermos de café, l’attestation délivrée par l’inspection uniquement pour ce jour et hop ! En voiture Simone !

Changement de commune (j’avais été affectée à l’école maternelle Joliot Curie les deux fois précédentes avec les deux mêmes collègues) et de mode de fonctionnement (un seul enseignant avec une ATSEM, repas du midi pris avec les enfants qui ont apporté un pique-nique ou un plat à réchauffer).

Respect des gestes barrières et de la distanciation sociale entre adultes, mais il est clair qu’avec les enfants, c’est beaucoup plus difficile pour la distanciation sociale, notamment lorsqu’on les aide dans leur travail de classe, il est nécessaire de s’approcher d’eux et de leurs cahiers. Je n’ai toutefois pas la sensation de me mettre en danger ni de mettre en danger les autres.

Le lavage des mains est régulier, on évite de les porter à son visage, les surfaces (sols et tables, poignées de porte, interrupteurs) sont nettoyées régulièrement, la salle est aérée, j’organise des activités sportives à l’extérieur (parcours pour patinettes avec des plots, jogging en longeant les murs de la cour de l’école) et… comme l’ATSEM me dit n’en avoir jamais porté, je ne mets pas de masque et c’est aussi bien comme ça.

Quatre enfants se sont présentés avec leurs parents ce lundi matin-là, quatre filles : une petite section, une élève de CE1, deux sœurs, l’une en grande section et l’autre en CM2. Il est sûr qu’à ce compte-là, le travail apparaît relativement facile.

Par contre, je comprends très bien que la rentrée du 11 mai (en fait le 14 pour les enfants) puisse être anxiogène et prise de tête. Nous en débattrons ce jour à treize heures sur Zoom lors d’un conseil des maîtres.

Sur la route du retour, je m’arrête chez Truffaut pour acheter du terreau, il y en a à foison, de quoi faire pousser des milliers de jardins extraordinaires. Au rond-point juste avant mon village, je me fais contrôler par des gendarmes souriants (aucun ne porte de masque), j’ai mon attestation, je suis en règle, la vie est belle.

lundi 4 mai 2020

L'éclaircie

… Et  si ce n’est pas pour demain alors j’attendrai... le jour d’après…

Cette chanson du groupe rennais Marc Seberg figure sur l’album « Le chant des terres » paru en 1985. La vidéo retranscrit avec un brin d’ironie l’esprit new wave des mid-eighties.

En hommage à Philippe Pascal, chanteur de Marquis de Sade (post-punk français) puis de Marc Seberg, tragiquement disparu à l’âge de 63 ans le 12 septembre 2019.

dimanche 3 mai 2020

La mise au vert (The Needle & The Damage Done)


Tout a commencé en septembre 1980, lorsque nous nous sommes retrouvées, le jour de la rentrée, au lycée. Tu redoublais ta première. Moi, j’entrais de justesse en terminale. Tu étais de retour après une année passée dans une maison de santé, à la montagne, suite à un grave accident de mobylette.

C’est à l’occasion de ce drame que tes parents avaient découvert ton penchant prononcé pour les états éthyliques extrêmes et cet engouement compulsif pour l’inhalation de trichloréthylène. L’absorption massive de ces produits n’était pas étrangère à ce qui t’était arrivé : une voiture t’avait percutée alors que tu roulais selon une trajectoire confuse, désordonnée.

Ces événements t’avaient valu une mise au vert, loin de chez toi, pour que tu puisses te rétablir, autant physiquement que psychologiquement. Tu t’étais plutôt bien remise de ton traumatisme crânien mais, si l’alcool et le trichlo n’étaient plus dans tes priorités, tu avais découvert, au cours de ton séjour, d’autres formes plus raffinées de stupéfiants. C’est l'une des premières choses dont tu m’as parlé lorsque nous nous sommes revues.

À moi, il ne m'était rien arrivé de grave. Je vivais seule avec mon père et il était souvent absent. Les week-ends, je sortais beaucoup. J'aimais boire et, à l’occasion, j'essayais les mélanges conjugués de l’alcool et des neuroleptiques. J’avais aussi découvert les effets euphorisants de l’herbe et du shit.

Chez les gens que je fréquentais, la musique avait une place de choix. Je découvrais des groupes anciens ou plus récents, de tous les styles. J’éprouvais autant de plaisir à écouter London Calling des Clash que Breakfast in America de Supertramp. Je consacrais juste le temps nécessaire à mes études pour ne pas perdre la face.

Nous nous sommes tout de suite reconnues et entendues. Toi aussi tu aimais la musique, tu t’étais mise à la guitare folk. Moi je jouais du piano classique et je m’essayais à la composition. Nous prîmes rendez-vous chez moi, un samedi après-midi, pour jouer ensemble.

Tu avais apporté du shit et la première chose que tu as faite en arrivant, ce fut de rouler un joint, que nous avons fumé tout en échangeant sur nos expériences et nos idées. Les effets ne tardèrent pas à venir : ils provoquèrent chez nous des rires nerveux, incontrôlables. Nous continuions à parler, de façon de plus en plus décousue et fantaisiste.

Le monde pouvait bien tourner autour de nous, nous étions là, dans nos délires d’adolescentes, avec tant de choses importantes à nous dire ! Je me suis mise au piano et j’ai commencé à jouer un morceau que j’avais inventé. Tu as pris ta guitare, trouvé les accords : notre duo prenait forme, nous nous sentions sur la même longueur d’ondes, en communion parfaite.

Le samedi suivant, tu es venue avec des disques. Nous venions d’écouter Easter de Patti Smith, quand tu as sorti de ta besace Harvest de Neil Young. L'une des photos de la pochette montrait les musiciens en train de jouer dans une vieille grange aux planches disjointes, laissant passer la lumière du soleil.

La musique, aux accents pénétrants, lancinants, mélancoliques, comportait de la guitare sèche ou électrique, de l'harmonica et du piano. Le disque avait été enregistré en 1972 : c’était, déjà, un album culte.

Avec l’invention du CD, je peux aujourd'hui l'écouter d’un seul trait, sans avoir à sortir de mon fauteuil et de mes rêveries. Mais ce samedi d’automne 1980, il a bien fallu que je me lève pour que nous écoutions la deuxième face.

À la fin d’Alabama, tu m’as dit que la chanson suivante était ta préférée. Tu allais apprendre à la jouer à la guitare. Si je trouvais les arpèges au piano, nous pourrions la reprendre ensemble ! C’était The Needle & The Damage Done. Une guitare en picking et la voix douloureusement plaintive de Neil Young : un chef d’œuvre minimal, à la beauté fragile.

J’ai enregistré l’album sur mon petit magnétophone et j’ai passé la semaine suivante à écouter la cassette, à décrypter cette cascade de notes égrenées à la guitare, afin d’en faire quelque chose au piano.

Tu es venue chez moi nombre et nombre d'autres samedis. Nous fumions tout en bavardant et en écoutant de la musique, puis nous nous mettions à jouer. Bientôt, nous fûmes capables de reprendre ce morceau qui te tenait tant à cœur. Tu chantais toutes les paroles et je te rejoignais aux chœurs sur « Oh the damage done ». Nous étions fières de nous réécouter quand nous étions parvenues à nous enregistrer sans nous tromper !

Tu étais de taille moyenne, très mince, presque maigre. Tu portais des jeans en velours, des chemises à carreaux, des bottes style western. Au début de l’hiver, tu t’es mise à arborer fièrement un poncho et un bonnet péruviens, qui te donnaient un genre original et inclassable.

Tes cheveux fins et longs, teints au henné, avaient une belle couleur cuivrée. Ils encadraient harmonieusement ton visage gracile et renforçaient le bleu profond de tes yeux. Moi j’étais plus petite, plus massive. J’ai adopté des tenues similaires aux tiennes, j’ai laissé repousser mes cheveux blonds, qui sont devenus dorés avec le henné. Tu avais une voix divine.

Au lycée, je tentais, tant bien que mal, de garder la tête hors de l’eau, mais mes préoccupations étaient ailleurs. Je ne savais pas ce que je voulais faire après le bac et ce qui m’importait, c’était mes samedis avec toi, nos délires, la musique. J'étais fière d'être ton amie.

Au début du printemps, tu m’as présenté Nathalie. Elle était nouvelle dans ta classe, elle jouait de la guitare, elle avait les mêmes centres d’intérêt que les nôtres… Nos rituels sont passés du duo au trio. Au fil des jours, vous êtes devenues de plus en plus complices. Entre vous, se créaient des liens extraordinairement forts, contre lesquels je ne pouvais rien.

Nos rendez-vous se sont espacés pour finalement disparaître. J’ai continué à fumer et à jouer seule, tantôt au piano, tantôt à la guitare. Je me suis mise au chant. Il était plus que temps de réviser pour le bac, mais je n’en avais pas l’énergie. Je me disais que seul un coup de chance, peut-être, me permettrait de l’obtenir.

J’ai raté mon bac. Ma fierté n’en a été que peu altérée : je n’étais pas prête, voilà tout. L’année suivante, j’ai mieux géré mon temps et mon énergie entre mes études et mes loisirs. J’ai continué la musique, commencé le théâtre, je me suis fait de nouvelles amies… Mais je n’ai retrouvé avec personne d’autre ce qui m’avait unie à toi pendant ces quelques mois.

Bien des années plus tard, j'ai repris, avec mon groupe de l'époque, « notre » chanson en version électrique. Lorsque je chantais « Oh the damage done », j’avais l’impression que tu étais là, que tu m’accompagnais à la guitare.

De toute façon, depuis septembre 1980, tu n’as jamais vraiment cessé de m’accompagner.

samedi 2 mai 2020

Le mois joli de mai


J’entame donc ma huitième semaine d’école fermée. Pour moi, le confinement a véritablement commencé le vendredi 13 mars au soir, lorsque je me suis retrouvée chez moi à repenser à ma journée, à ma dernière journée de classe, avec des sensations de doute, de vide, de crainte et de tristesse. L’idée du blog, alors, s’était imposée. 

Petit retour sur les trois jours précédents

Mercredi 29 avril 2020
Passage à la pharmacie de mon village parce que personne ne fait la queue dehors, j’achète un flacon de gel hydroalcoolique puisqu’il y en a à disposition (plus beaucoup mais il y en a), je demande s’il y a des masques disponibles, non, mais la pharmacienne m’en réserve deux (ils sont en tissu, utilisables quatre heures durant, lavables vingt fois) et prend mon numéro de téléphone.
C’est le jour de marché sur la place de l’église, j’achète des fruits et des légumes, un boudin noir, six tranches de rosette et du bœuf en gelée fait maison.
Courses de la quinzaine au supermarché, les rayons de farine sont vides, le caissier me dit qu’il en arrive tous les matins, mais que là, à bientôt quatorze heures, j’arrive trop tard. C’est comme les œufs, à un moment il y en aura, pas la peine de psychoter/mégoter/chipoter. Il me reste encore de quoi faire au moins un gâteau.
Ah oui, j’ai refait mon premier gâteau depuis une interruption d’au moins six années. Ça s’arrose ! (d’un bon verre de Bandol, souvenir de Marseille)
Plus de terreau non plus, ni au magasin d’alimentation animale ; il y en a eu, il n’y en a plus, pas avant quinze jours. Peut-être à la serre de Montjay ? Je téléphonerai avant de me déplacer. J’ai reçu mes petites graines à planter, il me tarde de les semer et de les voir grandir.

Jeudi 30 avril 2020
À neuf heures trente, réunion Zoom avec le directeur et les collègues de mon école de rattachement. Je décide d’y assister depuis mon lit, après tout j’y travaille souvent le matin au réveil, c’est efficace et productif. Je m’octroie cette liberté, correctement coiffée et habillée. Je pense à Alexandre le bienheureux et à son système de poulies manœuvrées depuis son lit pour éviter d’en sortir, un des collègues aussi, alors on rit.
Ce qu’il faut retenir : le directeur a deux réunions d’importance l’après-midi, l’une avec le maire, l’autre avec l’inspecteur, alors on y verra (peut-être) un peu clair lorsqu’il nous transmettra les infos.
         Déjeuner puis sortie en bottes et en imperméable à capuche sous la pluie, avec mon attestation, mes clés, mon appareil photo. Je change d’itinéraire, je me dirige vers le pont de la Marne, je tourne à droite en direction du Camping de l’Ile Demoiselle.
De gros engins de chantier barrent le chemin d’accès, des déchets en tout genre jonchent les sols, la maison de l’accueil est en ruines, en fait le camping est à l’abandon, complètement dévasté. Une expédition rurbex, ça vous tente ?
J’entre dans le parc, la pluie s’est arrêtée, le soleil revient entre deux nuages, la lumière est belle, la verdure luxuriante, je prends des photos. Incursion dans la maison, découverte de deux grandes signatures colorées, très soignées, pas bâclées : premier trésor !
J’ose monter les escaliers en maçonnerie, aucun risque qu’ils ne s’écroulent, et là, deuxième trésor : un « Camping Paradise » admirablement lettré et illustré ; un homme, un guerrier, tenant non pas une lance mais un lampadaire allumé.
De là-haut je contemple la vue, la glycine qui orne les murs de la maison offre une floraison foisonnante. Je redescends et vais me promener dans l’allée principale de feu le camping. Pas d’autre trésor débusqué (à part quelques petites choses), par contre des déchets, partout des déchets, des pneus, des sacs poubelle, des gravats, du plastique, des branchages, du mobilier défoncé, une décharge à ciel ouvert.
Bientôt, en exclu sur ce blog, ma galerie photo « Rurbex au Camping de l’Ile Demoiselle ».

Vendredi 1er mai 2020
J’ai acheté du muguet pour moi et deux de mes voisines. Je leur ai offert l’une avant ma promenade en bottes, l’autre en revenant.
J’ai souhaité à chacune tout le bonheur du monde, l’une parce qu’elle se remet difficilement de l’attaque du virus (cœur fatigué, bronches altérées), l’autre parce qu’elle adore les chats et qu’elle a besoin de petites attentions comme celle-ci pour garder le moral.
Pas de rando à Suizy le dimanche 3 mai ; ç’aurait été l’occasion d’une réunion familiale, un rendez-vous annuel à ajouter à celui de Noël, la Toussaint et le début des grandes vacances (aux alentours du 19 juillet, date d’anniversaire de mon père). Annulée, rayée des cadres, barrée sur mon agenda.

vendredi 1 mai 2020

Cinq jours de classe virtuelle (épisode 5)


Les « vacances apprenantes » : moi aussi, j’ai appris !

Sur les sept familles volontaires que j’ai contactées, les sept ont répondu présentes. J’ai envoyé le code de connexion dans un deuxième temps seulement, voulant d’abord m’assurer que je m’adressais bien aux bons destinataires.

Lundi 13 avril 2020, 9 heures 55, c’est le début de l’aventure.

Les élèves « arrivent » en classe les uns après les autres, je découvre leur visage, leur maman n’est pas loin. On se dit bonjour, on se présente, on se concentre et on commence.

Pour la mise en train, je leur demande d’énumérer les lettres dans l’ordre alphabétique, de nommer et de dénombrer les voyelles et les consonnes.

L’on passe à la phonologie avec l’écoute d’une liste de mots qui ont un son en commun (il s’agit de révisions), les élèves doivent l’identifier puis écrire sur leur ardoise la lettre correspondant à ce son, en l’occurrence pour ce premier jour c’est la lettre d.

Chacun-e présente son ardoise face à la caméra pour que je puisse valider, puis je propose une dictée de syllabes et de mots simples pour les CP, d’une phrase pour les deux CE1. 

Nous continuons par la lecture des pages 36 et 37 du manuel « Bulle » que j’affiche à l’écran. Le texte, lu par les CE1, parle d’un doudou perdu.

Pause pipi, phase détente, étirements, mouvements des épaules, de la tête et des bras, bâillements, sourires, bravos.

En mathématiques, l’on débute par la comptine numérique (0 à 10 le premier jour, 0 à 20 le deuxième jour, etc.) puis par une dictée de doigts (CP) et du calcul mental : écrire le nombre suivant (CE1). Nous terminons par deux problèmes additifs affichés à l’écran et lus par les CE1.

Le système de l’ardoise fonctionne très bien avec les enfants. Moi aussi j’en ai une, j’y écris les réponses exactes et je leur montre pour qu’ils se corrigent si besoin.

À ce compte-là il est déjà onze heures passé ! Je termine par la lecture de l’album « Serpolet s’ennuie » où il est question d’un doudou qui veut partir de chez lui. Je tourne les pages, c’est un « vrai » livre, je présente les images au fur et à mesure.

Les enfants écoutent l’histoire en serrant leur doudou que je leur ai demandé d’aller chercher avant de démarrer la lecture. C’est émouvant de les voir ainsi chez eux, certains en pyjama. C’est ça aussi l’école à la maison, une certaine intimité partagée.

Pour éviter la routine, je change de haut tous les jours (ce qui n’est pas le cas pour tous les enfants). La maîtresse est lavée, coiffée, habillée, maquillée, énergique, bienveillante et de bonne humeur.

Bien sûr il y a eu des problèmes de connexion, je n’ai jamais eu le groupe au complet : six élèves les trois premiers jours, quatre le jeudi et cinq le vendredi. Un bon score finalement, non ? 

En aval de chaque cours, envoi personnalisé par courriel des documents utilisés et des fiches d’entraînement à tout le monde ; félicitations, encouragements, à demain, alors ?

En fait, avec le directeur, ça nous a échappés que le lundi 13 avril était férié (lundi de Pâques) mais finalement ça n’a choqué personne qu’on travaille ce jour-là.