Dimanche
soir, j’ai préparé mes affaires comme je n’avais pas eu l’occasion de le faire
depuis longtemps. En effet, lundi 4 mai, je suis attendue à l’école maternelle
La Fontaine pour assurer l’accueil des enfants du personnel soignant sans autre
moyen de garde.
Deux masques à
usage unique m’ont été fournis par l’administration dans une enveloppe scellée à
mon nom (je suis allée les chercher le jour de la rentrée des vacances de
printemps, le 20 avril) et j’ai acquis depuis peu un flacon personnel de gel
hydroalcoolique, plus pratique finalement que l’eau, le savon et la serviette.
Lundi matin,
le réveil sonne à six heures trente ; une éternité que ça n’était pas
arrivé, la première fois depuis le passage à l’heure d’été. Ça n’a pas dû
plaire à Lutin, ma petite chatte blanche, qui, sans vouloir me faire du mal
(elle en est bien incapable) me marche sur le visage, dérape au niveau de ma
joue droite, se rattrape en sortant ses griffes… Je sens ma peau se déchirer puis
le sang couler tout de suite après.
Au moins, c’est
une façon radicale de me sortir vite fait du lit. Dans la salle de bain, devant
le miroir, je constate l’ampleur des dégâts : une longue balafre horizontale
qui va du nez jusqu’à l’oreille. Me voilà équipée pour aller travailler.
Nourrissage
de mes petites bêtes qui ont droit à du poulet cuit la veille (moi aussi j’en aurai
pour midi, cuisiné aux poivrons et aux tomates avec du riz basmati), mug de café
et infos toujours aussi floues sur le déconfinement à la radio, lit en position
canapé, toilette, habillage, coiffage, léger maquillage. Je prends mon ordi, ma
trousse d’école, mon déjeuner, ma thermos de café, l’attestation délivrée par l’inspection
uniquement pour ce jour et hop ! En voiture Simone !
Changement de
commune (j’avais été affectée à l’école maternelle Joliot Curie les deux fois
précédentes avec les deux mêmes collègues) et de mode de fonctionnement (un
seul enseignant avec une ATSEM, repas du midi pris avec les enfants qui ont
apporté un pique-nique ou un plat à réchauffer).
Respect des
gestes barrières et de la distanciation sociale entre adultes, mais il est clair
qu’avec les enfants, c’est beaucoup plus difficile pour la distanciation
sociale, notamment lorsqu’on les aide dans leur travail de classe, il est
nécessaire de s’approcher d’eux et de leurs cahiers. Je n’ai toutefois pas la
sensation de me mettre en danger ni de mettre en danger les autres.
Le lavage des
mains est régulier, on évite de les porter à son visage, les surfaces (sols et
tables, poignées de porte, interrupteurs) sont nettoyées régulièrement, la
salle est aérée, j’organise des activités sportives à l’extérieur (parcours
pour patinettes avec des plots, jogging en longeant les murs de la cour de l’école)
et… comme l’ATSEM me dit n’en avoir jamais porté, je ne mets pas de masque et c’est
aussi bien comme ça.
Quatre
enfants se sont présentés avec leurs parents ce lundi matin-là, quatre filles :
une petite section, une élève de CE1, deux sœurs, l’une en grande section et l’autre
en CM2. Il est sûr qu’à ce compte-là, le travail apparaît relativement facile.
Par contre, je
comprends très bien que la rentrée du 11 mai (en fait le 14 pour les enfants)
puisse être anxiogène et prise de tête. Nous en débattrons ce jour à treize
heures sur Zoom lors d’un conseil des maîtres.
Sur la route
du retour, je m’arrête chez Truffaut pour acheter du terreau, il y en a à
foison, de quoi faire pousser des milliers de jardins extraordinaires. Au
rond-point juste avant mon village, je me fais contrôler par des gendarmes
souriants (aucun ne porte de masque), j’ai mon attestation, je suis en règle,
la vie est belle.