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jeudi 30 avril 2020

Cinq jours de classe virtuelle (épisode 4)


         Le directeur m’envoie les tables d’addition sous forme de « maisons des nombres », des progressions en calcul mental et des séries de problèmes niveau CP et CE1. Le premier jour du stage, nous proposerons des problèmes additifs.

Il m’explique que sur la plateforme du CNED, on peut insérer des documents de travail que les élèves pourront visualiser au fur et à mesure de la séance.

         Je lui transmets les pages 36 et 37 du manuel « Bulle » dont j’ai fait une copie d’écran, la fiche du [d] de Zaubette (entraînement à la lecture de syllabes, de mots, de phrases, d’un texte), celle d’Elaurys et la comptine du son [d] d’Ipôtame.

J’ouvre ma « classe à la maison » avec des codes de connexion valables un mois : un pour moi en tant qu’administratrice, un autre pour les participants. Prise en main de la plateforme et de ses possibilités, téléchargement des documents dont je me servirai le premier jour.

Je tape une fiche de préparation détaillée que j’imprime pour l’avoir à portée de main lorsque je serai devant l’ordinateur et donc devant « mes » élèves, je choisis un album à leur lire pendant le dernier quart d’heure, je contacte chaque famille concernée par un mail personnalisé en indiquant le prénom de l’enfant, les horaires, le déroulement, les modalités.

Les CP devront avoir préparé leur livre « Bulle », tout le monde aura une ardoise, un feutre ou une craie, un cahier de brouillon et de quoi écrire.

Nous avons six heures de cours à répartir entre le lundi 13 et le vendredi 17 avril. Nous décidons de faire travailler les élèves environ une heure et quart sur les cinq jours. Ni trop tôt ni trop tard dans la matinée, commencer à dix heures nous semble un bon compromis.

Après chaque séance, vers onze heures et demie, nous nous appellerons pour un « débriefing » puis nous nous mettrons d’accord sur le programme du lendemain matin.

mercredi 29 avril 2020

Cinq jours de classe virtuelle (épisode 3)



Par quoi commencer ?

Tout d’abord, passer par le portail Éduscol et repérer les objectifs de ces « vacances apprenantes » proposées par notre ministre de l’Éducation nationale. Pour les élèves de cycle 2, il s’agit de « reprendre les bases des savoirs fondamentaux, travailler la fluence et la compréhension en lecture, l’écriture, le calcul (mental et posé) et la résolution de problèmes ».

Ensuite, explorer le site du CNED qui porte bien son nom en ces temps de confinement (Centre National d’Enseignement à Distance), créer un compte, étudier les programmes de révisions proposés aux CP et aux CE1.

Les élèves de CP de mon école de rattachement apprennent à lire avec la méthode « Bulle ». Je cherche, je trouve et je feuillette le manuel de l’élève en version numérique puis je prends connaissance des progressions de la Classe de Kmi, des fiches de sons de Zaubette (si si) et d’Elaurys (pour les CP), des comptines des sons d’Ipotâme (pour les CE1).

Nous faisons le point, le directeur et moi, sur nos investigations respectives, et décidons de consacrer la première séance à la révision du [d]. Je me propose de préparer les documents nécessaires en français et de lui envoyer, le directeur quant à lui me transmettra le fruit de ses recherches pour le programme de mathématiques.

mardi 28 avril 2020

Cinq jours de classe virtuelle (épisode 2)



         Vendredi 13 mars après la classe, soit trois semaines écoulées depuis la rentrée des vacances d’hiver, tout l’monde aux abris ! On oublie le stage de réussite, on s’organise pour travailler à la maison, on fait une croix sur les prochaines vacances, c’est déjà un peu les vacances…

         Plus tard, le directeur de mon école de rattachement m’informe de la possibilité d’encadrer un stage de soutien scolaire à distance, qui aura lieu la deuxième semaine des vacances de printemps et concernera un petit groupe d’élèves. Je réponds présente, j’aime relever des défis, pourquoi pas celui-ci ?

         Les vraies vacances commencent : grasses mat’, café, ordi, téléphone, lecture, marche et course à pied, VTT, musique, dance floor, apéro, soleil à gogo… Cela ne dure que d’un temps, mon directeur me rappelant à l’ordre dès le jeudi 9 avril au matin pour m’annoncer qu’il a le feu vert de l’inspecteur pour le dispositif des « vacances apprenantes ». Je regrette un instant de m’être proposée.

Cinq collègues volontaires en tout sur l’école, les niveaux CE2, CM1 et CM2 sont déjà attribués, il reste à répartir dix CP et quatre CE1, ce que nous faisons le directeur et moi. Nous travaillerons donc chacun avec sept élèves, cinq CP et deux CE1, toutes classes confondues.

lundi 27 avril 2020

Cinq jours de classe virtuelle (épisode 1)



Dès la rentrée des vacances d’hiver, j’ai posé ma candidature pour encadrer un stage permettant à des élèves de CM2 de bénéficier d’une « remise à niveau » avant leur passage en 6e.

Ces stages, dits « de réussite », sont programmés la première semaine des vacances de printemps et permettent de travailler avec un groupe d‘élèves restreint, six en moyenne.

Les cours ont lieu tous les matins, pendant trois heures, du lundi au vendredi. Ils consistent principalement à faire des révisions en français et en mathématiques, personnalisées selon les besoins.

Depuis 2015, j’aime effectuer ces heures supplémentaires (grassement payées) car cela me permet de faire la classe autrement, d’enseigner dans des conditions différentes et plus favorables aux apprentissages, de développer des relations empathiques, bienveillantes et privilégiées avec les élèves.

C’était sans compter sur le coronavirus, qui a eu vite fait de tout bazarder et de renvoyer  fissa tous les enfants (et leurs enseignants) chez eux.

dimanche 26 avril 2020

London Calling


Printemps 1980
J’ai seize ans et je découvre les soirées du Tigre. J'apprends le nom de tous ces groupes anglais sur lesquels on danse en balançant les bras et les jambes, d'avant en arrière, de façon saccadée. Madness, The Selecter, The Specials, Elvis Costello, Moon Martin… The Clash et son hymne énergique : « London Calling ».

La face B du 45 tours, « Armagideon Time », passe souvent sur le juke-box du Pub où je me rends après le lycée. Je l’achète pour pouvoir l'écouter tout à loisir chez moi. Puis je découvre avec délectation le double album « London Calling » chez des copains.

La pochette est extraordinairement attractive pour l'œil avec ses lettres capitales en rose et vert et sa photo de concert en noir et blanc. La musique est festive, joyeuse, dansante. On me fait écouter les albums précédents, mais je n'aime pas autant.

Été 1980
Je pars en Angleterre avec des copines, la cassette de « London Calling » et un petit magnétophone à piles dans mes bagages. À Londres, j'achète « I'm the Man » de Joe Jackson, l'album de Lene Lovitch pour le titre « Bird Song » et un 45 tours des Clash : « Bankrobber ».

Je m'habille en noir, rouge et blanc. Je porte aussi le vieil imperméable gris de mon père, dont j'ai raccourci les manches. J'ai coupé mes cheveux et je les hérisse avec du gel.

Décembre 2002
J'apprends la mort de Joe Strummer. J'aimais qui il était, ce qu'il faisait avec son groupe The Mescaleros. J'avais raté leur concert parisien, dommage. Cinquante ans. En 1980, cela m'aurait paru vieux. Maintenant, je trouve que pour mourir, c'est bien trop jeune.

Décembre 2003
Sur une impulsion, je pars en quête de l'album orange vif « Streetcore » dans les rayons de l'Espace Culturel de chez Leclerc. Dans ma voiture, titre après titre, des frissons me parcourent.

Il y a l'émotion d'un disque posthume, mais tellement plus aussi, dans cette voix rocailleuse, généreuse, revendicatrice. Tous ces petits joyaux musicaux acoustiques ou électriques viennent égayer la grisaille ambiante.

Du coup, chez moi, je réécoute « London Calling ». Pas loin de vingt-cinq ans après, la musique des Clash me paraît toujours aussi inventive et jubilatoire. Je fais le lien. Entre les années. Pour me réconcilier avec le temps qui passe et qui efface des vies.

samedi 25 avril 2020

Il s'en passe de belles sur la RTS

« Découvrez le spectacle événement de ce début d’année : Coronavirus, la comédie musicale. Après une tournée triomphale en Chine, Coronavirus débarque enfin près de chez vous. »

Non mais tu le crois, ça ?




« Chers confinés, chers confined, merci de respecter la distance de sécurité entre vous-mêmes et nos employé-e-s, sinon dégagez ! »

Les caissières helvètes font de la résistance…

vendredi 24 avril 2020

Baisse de régime

Hier jeudi 23 avril, j’ai commencé la journée en me rendormant après que mon téléphone eut sonné à sept heures et demie, n’émergeant finalement qu’à neuf heures moins le quart. Ronchonne, barbouillée, tête en vrac, fatiguée.

Dehors, comme tous les jours, ciel bleu, soleil radieux, végétation verdoyante, pépiement des oiseaux : signes faussement joyeux, sensation de vivre dans une prison dorée. De toute façon il fait trop chaud pour la saison.

Je suis restée au lit jusqu’à midi et demi à pianoter sur l’ordi, avec deux chats comme compagnie lascive.

Relever mes mails perso, mes mails pro, passer en revue tous les albums de ma bibliothèque musicale numérique, réfléchir aux titres à inclure dans ma 3e playlist « spécial confinement », visionner sans me lasser la vidéo des Sex Pistols « Holidays In The Sun », écouter la quatrième lecture d’Anne Cardona consacrée à une poésie fantaisiste de René de Olbadia « Chez moi », boire à l’envi du café réchauffé au micro-ondes, corps engourdi, pensées meurtries, idées à la dérive.

Un bon steak haché à cheval avec frites, ketchup et Breizh Cola, déjà ça allait mieux.

Appel sur mon portable : le directeur de mon école de rattachement me demande d’assurer le suivi de sept élèves du CM1/CM2 et du CM2 de mon école de rattachement. Depuis lundi 20 avril, jour officiel de la rentrée des classes, ils ne se sont pas manifestés auprès de leur enseignant-e, ils ne rendent aucun travail. Mon rôle est de leur téléphoner pour savoir ce qui se passe, tenter de remettre les brebis égarées dans le droit chemin.

Ce ne sera pas pour ce jeudi, je ne suis pas du tout dans l’esprit d’appeler des familles dont la plupart préparent le début du Ramadan, je ne me sens pas l’âme d’une warrior.

Par contre, je me suis concocté un programme détaillé pour aujourd’hui vendredi 24 avril :

-Sept heures trente, réveil, lever à la première sonnerie
-Café du jour + pain au chocolat
-Faire mon lit (virer Grigri)
-Marche sportive et course à pied soft à la fraîche (une heure)
-Douche
-Habillement (vêtements colorés)

Mise au travail :
-Préparation d’un questionnaire et d’un éventail d’argumentaires pour expliquer la nécessité de continuer à suivre l’enseignement proposé par le maître/la maîtresse à l’attention des familles que je vais contacter.

-Téléphoner aux familles en sachant que je risque de tomber sur un répondeur et d’être obligée de laisser un message si possible convaincant, négocier un plan de travail avec les élèves concernés, en tout cas mettre en place quelque chose permettant leur maintien dans le système scolaire sous une forme ou une autre, envisager des solutions alternatives, une classe virtuelle, des cours particuliers, des envois via la Poste…

-Réunion Zoom avec le directeur et les collègues de l’école à seize heures, compte-rendu de mes investigations, écoute, échanges…

Ensuite, début du week-end, concert à File 7, replay des « Lettres d’intérieur » d’Augustin Trapenart sur France Inter juste avant neuf heures ; si vous ne deviez n’en écouter qu’une (deux minutes) ce serait celle-là : le poème « À tous lesconfinés, fruits confis » de Brigitte Fontaine.

Danse 80’s, promenade avec les chats dans la résidence, conversations à distance réglementaire avec les voisins et les voisines, applaudir à vingt heures, lecture, mots croisés, dodo, clap de fin.

J’ai tout fait comme prévu depuis mon réveil, maintenant j’attaque le plus gros du programme : la mise au travail.