Hier jeudi 23 avril, j’ai
commencé la journée en me rendormant après que mon téléphone eut sonné à sept
heures et demie, n’émergeant finalement qu’à neuf heures moins le quart. Ronchonne,
barbouillée, tête en vrac, fatiguée.
Dehors, comme tous les jours, ciel
bleu, soleil radieux, végétation verdoyante, pépiement des oiseaux : signes
faussement joyeux, sensation de vivre dans une prison dorée. De toute façon il
fait trop chaud pour la saison.
Je suis restée au lit jusqu’à midi et demi à pianoter sur l’ordi, avec deux chats comme compagnie lascive.
Je suis restée au lit jusqu’à midi et demi à pianoter sur l’ordi, avec deux chats comme compagnie lascive.
Relever mes mails perso, mes
mails pro, passer en revue tous les albums de ma bibliothèque musicale
numérique, réfléchir aux titres à inclure dans ma 3e playlist « spécial
confinement », visionner sans me lasser la vidéo des Sex Pistols « Holidays
In The Sun », écouter la quatrième lecture d’Anne Cardona consacrée à une
poésie fantaisiste de René de Olbadia « Chez moi », boire à l’envi du
café réchauffé au micro-ondes, corps engourdi, pensées meurtries, idées à la
dérive.
Un bon steak haché à cheval avec frites, ketchup et Breizh Cola, déjà ça allait mieux.
Un bon steak haché à cheval avec frites, ketchup et Breizh Cola, déjà ça allait mieux.
Appel sur mon portable : le
directeur de mon école de rattachement me demande d’assurer le suivi de sept
élèves du CM1/CM2 et du CM2 de mon école de rattachement. Depuis lundi 20 avril,
jour officiel de la rentrée des classes, ils ne se sont pas manifestés auprès
de leur enseignant-e, ils ne rendent aucun travail. Mon rôle est de leur téléphoner
pour savoir ce qui se passe, tenter de remettre les brebis égarées dans le
droit chemin.
Ce ne sera pas pour ce jeudi, je
ne suis pas du tout dans l’esprit d’appeler des familles dont la plupart
préparent le début du Ramadan, je ne me sens pas l’âme d’une warrior.
Par contre, je me suis concocté un programme détaillé pour aujourd’hui vendredi 24 avril :
-Sept heures trente, réveil, lever à la première
sonnerie
-Café du jour + pain au chocolat
-Faire mon lit (virer Grigri)
-Marche sportive et course à pied soft à la fraîche (une heure)
-Douche
-Habillement (vêtements colorés)
Mise au travail :
-Préparation d’un questionnaire et d’un éventail
d’argumentaires pour expliquer la nécessité de continuer à suivre l’enseignement
proposé par le maître/la maîtresse à l’attention des familles que je vais
contacter.
-Téléphoner aux familles en sachant que je risque
de tomber sur un répondeur et d’être obligée de laisser un message si possible convaincant, négocier un plan de travail
avec les élèves concernés, en tout cas mettre en place quelque chose permettant
leur maintien dans le système scolaire sous une forme ou une autre, envisager
des solutions alternatives, une classe virtuelle, des cours particuliers, des
envois via la Poste…
-Réunion Zoom avec le directeur et les collègues
de l’école à seize heures, compte-rendu de mes investigations, écoute, échanges…
Ensuite, début du week-end, concert
à File 7, replay des « Lettres d’intérieur » d’Augustin Trapenart
sur France Inter juste avant neuf heures ; si vous ne deviez n’en écouter
qu’une (deux minutes) ce serait celle-là : le poème « À tous lesconfinés, fruits confis » de Brigitte Fontaine.
Danse 80’s, promenade avec les
chats dans la résidence, conversations à distance réglementaire avec les voisins
et les voisines, applaudir à vingt heures, lecture, mots croisés, dodo, clap de
fin.
J’ai tout fait comme prévu
depuis mon réveil, maintenant j’attaque le plus gros du programme : la mise
au travail.