Affichage des articles dont le libellé est Feuilleton scolaire. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Feuilleton scolaire. Afficher tous les articles

mercredi 15 juillet 2020

Du rab pour le fun

Les vacances scolaires ont débuté vendredi 3 juillet au soir mais j’ai souhaité participer au dispositif « école ouverte » organisé pour la semaine du 6 au 10 juillet dans mon école de rattachement.

Je me sentais d’attaque pour assurer trois heures de cours tous les matins pendant cinq jours auprès d’une quinzaine d’élèves qui bénéficieraient, l’après-midi, d’activités sportives, artistiques et culturelles dans l’école ou à l’extérieur.

Jeudi 2 juillet, j’ai reçu par mail la liste des enfants inscrits dans mon groupe (le 11, classe 9), tous des CM1 mais issus de cinq établissements différents sur la ville. Six filles et huit garçons dont je ne connaissais rien encore, avec lesquels j’allais travailler. Ça tombait bien, je faisais la classe à des CM1 depuis le 22 juin, j’étais déjà rôdée, je pourrais reprendre certaines de mes séances, celles qui avaient bien marché.

Lundi 6 juillet, 8 heures du matin, je prends possession de la classe 9 intitulée pompeusement « salle vidéo ». En fait c’est un bazar sans nom, un débarras rempli de cartons, de matériel de bric et de broc, il n’y a pas de tableau, ni à craie ni numérique (contrairement à la majorité des autres classes), c’est le grand désarroi soudain.

Par contre, il y a de grandes tables allongées que je m’empresse de disposer en U, je ne vais pas me priver. Dans la salle d’à-côté, inoccupée, je trouve un tableau transportable, des chaises, deux tables carrées, ça va suffire à mon bonheur. Je débusquerais un deuxième tableau dès le mardi matin, un seul n’était pas suffisant.

Je m’installe à « mon » bureau, je prépare les affaires dont j’aurais besoin pour assurer cette matinée, j’en ai écrit le déroulement sur le cahier à spirales qui me sert de cahier journal. J’ai apporté des feuilles de couleur, des feutres, des crayons, des stylos, je les dispose sur une table, nous les utiliserons pour la réalisation des étiquettes prénom.

Ça y est, c’est l’heure d’accueillir les élèves, me présenter masquée puisque ça reste la règle, respirer à l’air libre dans la classe lorsque je suis postée au tableau ou à mon bureau, remettre le masque lorsque je m’approche pour voir l’avancée de leur travail. J’ai parfaitement intégré mes nouvelles conditions d’enseignement, je fais avec, ça ne m’empêche pas d’éprouver du plaisir à accompagner les enfants dans leur soif de savoir.

Neuf présents seulement le premier jour. Pendant qu’ils planchent sur le questionnaire de présentation dont j’ai écrit le plan au tableau, j’appelle sur mon portable (sans masquer mon numéro) les parents des cinq autres, tous ayant une bonne raison de ne pas avoir mis leur enfant à l’école ce matin. J’explique le fonctionnement de la semaine, je donne l’adresse de l’école, oui il/elle peut venir dès cet après-midi, je compte sur vous, au revoir ! J’assure ainsi ma fermeté devant ceux qui sont là ; j’ai une certaine exigence (et de la bienveillance), qu’ils se le tiennent pour dit.

Cependant, je laisserai une place importante à la parole, je leur demanderai d’exprimer des choix, des avis, des préférences, ils devront argumenter, décrire, définir, appréhender, écouter les autres, attendre pour parler… Nous ferons une lecture suivie du petit roman « Le coupeur de mots » de Hans Joachim Schädlich (série de livres trouvée dans la bibliothèque de l’école) et j’insisterai sur la lecture à haute voix.

Dictionnaire, Bled ou Bescherelle nous permettront d’enrichir nos connaissances, la table de Pythagore est un outil efficace pour réviser les tables de multiplication, le calcul en ligne un bon moyen de réflexion et de concentration, la dictée quotidienne une façon de se remémorer les homophones… Je n’ai pas pu mener à bien tout ce que j’avais prévu, le rythme était déjà soutenu, il ne fallait pas bâcler.

Quelle satisfaction d’avoir travaillé ainsi en groupe restreint d’élèves, ce qui permet de développer une attention particulière pour chacun d’entre eux, de prendre en compte leurs besoins, de dialoguer, d’échanger !

Au final, dix élèves en moyenne par matinée, avec une seule qui n’est jamais venue, sa mère m’ayant dit qu’elle avait de la fièvre, alors oui, qu’elle reste chez elle, c’est mieux, elle ne pourra venir à l’école qu’avec un certificat du médecin, je lui souhaite un bon rétablissement, à bientôt madame.

Les photos ci-dessous s’ajoutent à mon enthousiasme, viennent corroborer mon discours.





















samedi 4 juillet 2020

Une fin d'année scolaire rondement menée



Voilà, c’est fini. Vendredi 3 juillet, les 16 élèves (sur 26 inscrits) de « ma » classe du CM1A étaient présents pour fêter le début des vacances d’été, après ces deux semaines où ils ont eu à peine le temps de réapprendre à travailler.

Je suis parvenue à les faire bosser jusqu’au jeudi 2, mais on sentait déjà l’effervescence des derniers jours d’école, le « lâcher prise » inévitable.

Jeux de société, dessins et pliages, autorisation de délirer d’écrire sur le grand tableau de la salle de classe, distribution de boissons et de friandises, récréation prolongée au cours de la matinée.

Clips et danse sur YouTube à leur demande (Vitaa et Slimane, Ayo et Teo, Niska, Koba LaD, Blackpink, Wejdene...), rangement du matériel, organisation d’un goûter d’anniversaire, grande récréation l’après-midi !

Tous et toutes sont parti-e-s le sourire aux lèvres, avec en perspective le CM2 en septembre. De mon côté, éreintée mais satisfaite, plaisir d’avoir pu enseigner malgré tout dans ces conditions si particulières.

Mission accomplie.

samedi 27 juin 2020

Cette mission, si vous l'acceptez...



Lundi 22 juin, c’est le retour en classe obligatoire et la réouverture de toutes les écoles dans la petite commune où j’ai déjà travaillé (maternelle La Fontaine) pendant et après le confinement. Les quatre écoles (deux seulement fonctionnaient depuis le 2 juin) sont sommées d’accueillir tous les élèves qui se présenteront au portail.

Je suis attendue en élémentaire pour prendre en charge une classe de CM1, la directrice ne sait pas exactement qui va revenir ou pas, mes horaires seront les mêmes qu’à La Fontaine (8 heures 45 à 11 heures 15, 13 heures 15 à 16 heures 15), ça me convient bien. Le vendredi soir, la secrétaire de l’inspection m’a confirmé que cette mission durerait jusqu’à la fin de l’année scolaire (vendredi 3 juillet), ça me convient aussi.

J’arrive pour 8 heures 15, j’investis « ma » classe où tout paraît avoir été rangé dans l’urgence ; il y a des sacs poubelle remplis d’affaires scolaires, empilés sur les tables, étiquetés au prénom des enfants. Les affichages ont été retirés, les deux horloges n’ont plus de pile, il n’y a pas d’éponge pour le tableau à craie. Par contre, le cahier d’appel se trouve en évidence sur le bureau (de la maîtresse que je remplace) et prêt à l’emploi pour les huit prochaines journées d’école avec 26 inscrits.

Y’a pas l’feu au lac, c’est la rentrée après un arrêt forcé de trois mois et quelques, je ne vais pas faire de miracle, juste proposer un emploi du temps structuré composé d’activités « simples » (calcul, géométrie, dictée, lecture, anglais, expression écrite, poésie, arts visuels, écoute musicale…) et faire en sorte que tout le monde ait du plaisir à revenir en classe.

Quinze élèves se présentent à la grille le premier jour, ils seront seize les jours suivants ; un effectif « au top » pour travailler différemment (j’installe les tables en U, j’instaure le système des responsabilités…) et sereinement, chacun-e redémarrant à son rythme avec une maîtresse disponible pour les accompagner.

Dès le matin de la reprise ils me demandent si l’on fera du sport, je réponds oui, et pendant l’heure du déjeuner je pars à la recherche du matériel nécessaire à l’organisation de parcours (c’est devenu ma spécialité !) et de courses de relais (témoins de couleur) que nous réaliserons en extérieur, en dernière partie d’après-midi. Comme le temps est beau et chaud, les séances se termineront par des batailles d’eau ; je les laisse faire, ils sont gentils, ils ont bien besoin de se défouler.

Le nouveau protocole sanitaire me permet d’enlever mon masque lorsque je suis au tableau ou au bureau, c’est tout de même plus agréable ; sinon il y a toujours le lavage des mains ou l’application de gel hydroalcoolique avant d’entrer en classe, avant et après la récréation, avant la cantine ou le retour à la maison, etc.

Pour la distanciation physique, les préconisations de Jean-Michel Blanquer sont restées suffisamment floues pour que je les fasse passer à la trappe et c’est bien mieux comme ça.

Pendant les récréations, je fournis des craies à qui veut dessiner, puis des ballons, des cordes et des cerceaux ; je mets de la musique cubaine (caliente !), je m’assois au soleil avec ma tasse de café, je les surveille, je les regarde s’amuser.

Vivement lundi que j’y retourne !







samedi 20 juin 2020

Des soleils et des cœurs

Lundi 15 juin, prise de poste à l’école maternelle La Fontaine (celle des dessins à la craie) pour un remplacement d’une semaine. Dix élèves sont présents (petite, moyenne et grande section), ils ont déjà leur place attitrée car ils ont travaillé dans cette salle de classe les deux semaines précédentes avec une autre enseignante.

Je me présente, le masque de rigueur dissimulant une grande partie de mon visage. J’écris mon prénom sur le tableau dans les trois écritures. Je les appelle par leur prénom les un-e-s après les autres, les engageant à me répondre « bonjour », « je suis présent-e », à lever la main ou à faire un petit signe, comme bon leur semble.

D’ailleurs au fait, quel jour sommes-nous ? Je leur pose la question. Elora (grande section) lève le doigt et dit « lundi ». J’écris LUNDI au tableau et je poursuis. Oui mais lundi combien ? De quel mois de l’année ? Nous sommes en quelle année ? Anissa (grande section) sait que nous sommes au mois de juin. J’écris la date complète, en cursive et en capitale (j’ai cinq moyennes sections et trois petits dans la classe), on la répète ensemble puis individuellement (les deux filles de grande section principalement).

Chystèle (ATSEM) et Alexandra (animatrice) sont avec moi dans la classe, elles prennent en charge le plan de travail d’Elora et d’Anissa, très consistant. La directrice apporte des coloriages codés pour les petites sections et m’apprend que Mia est très avancée, que je peux lui donner le travail des moyens.

Je propose donc à ces cinq-là (et à Mia) d’écrire la date qui se trouve au tableau (celle qui est soulignée, je leur montre) sur une feuille lignée que je leur distribue en leur demandant de préparer leur crayon à papier (ils ont leur matériel personnel sur leur table, tout ce qu’il faut, même une bouteille d’eau). Je passe les voir les un-es après les autres pour les guider, pour m’assurer qu’ils ont compris, qu’ils se mettent au travail.

La directrice me transmet les fiches agrafées à faire cette semaine en moyenne section, il y en a un paquet. Elle m’informe aussi du projet de la carte pour la fête des pères (ici tous les enfants ont un papa).

Camélia et Adama s’activent avec les crayons de couleur, du jaune, du bleu, du noir, et comptent les points (un, deux ou trois) dans les cases avant de colorier de la couleur demandée.

J’entame la première page du plan de travail des moyens (Imany, Tiffany, Alana, Alexandre et Zahra). Il s’agit de relier un nombre (un, deux, trois, quatre, cinq) à la quantité d’objets dessinés correspondants. Je demande à Mia si elle veut faire ce travail, elle me dit oui d’un signe de tête, je lui donne le dossier d’exercices, elle s’en sort très bien.

La récré est de dix heures à dix heures et demie, seul « mon groupe » est présent dans cette partie de la cour ; des échasses, des cerceaux, de grosses craies sont mises à leur disposition.




Après et jusqu’à l’heure de la cantine, je les inviterai à continuer leur collier (en respectant un rythme de couleur) puis je les laisserai jouer, chacun sur son espace constitué de deux petites tables, avec interdiction de se lever et d’échanger des choses.

Au fur et à mesure, je baisserai la garde, les autorisant à jouer par terre (les enfants adorent ça) séparément, puis les autorisant à jouer ensemble, et finalement à aller d’un coin jeu à un autre, selon leur envie du moment. Les mains resteront lavées régulièrement, sous la vigilance et la bienveillance de Chrystèle et Alexandra.

Voir ci-dessous les photos de la classe « avant » et « après » :

Pause déjeuner (repas froid) dans « ma » classe, le premier jour. Je prends soudain conscience de la disparition des affichages indispensables en école maternelle. Ni jours de la semaine, ni mois de l’année, ni calendrier, ni bande numérique. Il reste des morceaux de « patafix » collés au mur, au-dessus et de part et d’autre du tableau. Il n’y a plus rien pour compter ou pour lire, se repérer dans le temps.

J’aurai tôt fait de remédier au problème, de rétablir tout ça, les repères essentiels, afin de démarrer chaque journée de classe dans la conscience du temps présent, du temps qui passe, de celui à venir. Je photocopierai à chaque élève un calendrier du mois de juin et dès le mardi 16, nous barrerons les jours passés, nous entourerons celui d’aujourd’hui, nous dessinerons des soleils car il a fait beau tous les matins de cette semaine-là.

Voir ci-dessous les photos de la classe « avant » et « après » :

Vendredi 19 juin après-midi, pour la récréation, je sors une flopée  de ballons de toutes les couleurs ! On les fait rouler, on les envoie en l’air, on dribble, on shoote, on se fait des passes, c’est la fête, on se lâche, ça fait du bien !

La dernière partie de ma dernière journée en compagnie de « mes » dix petits élèves et de Chrystèle et Alexandra, volubiles et souriantes, l’émotion sera telle que j’en oublierai de porter « le » masque. Attention, y’a d’la relâche !

vendredi 19 juin 2020

Les dessins à la craie


Vendredi 29 mai, tandis que les enseignantes et les ATSEMs préparaient la rentrée du mardi 2 juin (dans cette commune, par décision du maire, les écoles n’ont pas rouvert le 11 mai ; seule l’école maternelle où je me trouvais en mission a assuré l’accueil des enfants de soignants), j’encadrais les six filles présentes ce jour-là, de la petite section au CM2. Elles se sont bien amusées, un pot de craies a suffi à engendrer un foisonnement de dessins colorés.

Bouleversée par la disparition soudaine de ma collègue Odile, en mode « radar » pendant plusieurs jours, j’ai omis de poster cet épisode merveilleusement ensoleillé de mon feuilleton scolaire.