samedi 2 mai 2020

Le mois joli de mai


J’entame donc ma huitième semaine d’école fermée. Pour moi, le confinement a véritablement commencé le vendredi 13 mars au soir, lorsque je me suis retrouvée chez moi à repenser à ma journée, à ma dernière journée de classe, avec des sensations de doute, de vide, de crainte et de tristesse. L’idée du blog, alors, s’était imposée. 

Petit retour sur les trois jours précédents

Mercredi 29 avril 2020
Passage à la pharmacie de mon village parce que personne ne fait la queue dehors, j’achète un flacon de gel hydroalcoolique puisqu’il y en a à disposition (plus beaucoup mais il y en a), je demande s’il y a des masques disponibles, non, mais la pharmacienne m’en réserve deux (ils sont en tissu, utilisables quatre heures durant, lavables vingt fois) et prend mon numéro de téléphone.
C’est le jour de marché sur la place de l’église, j’achète des fruits et des légumes, un boudin noir, six tranches de rosette et du bœuf en gelée fait maison.
Courses de la quinzaine au supermarché, les rayons de farine sont vides, le caissier me dit qu’il en arrive tous les matins, mais que là, à bientôt quatorze heures, j’arrive trop tard. C’est comme les œufs, à un moment il y en aura, pas la peine de psychoter/mégoter/chipoter. Il me reste encore de quoi faire au moins un gâteau.
Ah oui, j’ai refait mon premier gâteau depuis une interruption d’au moins six années. Ça s’arrose ! (d’un bon verre de Bandol, souvenir de Marseille)
Plus de terreau non plus, ni au magasin d’alimentation animale ; il y en a eu, il n’y en a plus, pas avant quinze jours. Peut-être à la serre de Montjay ? Je téléphonerai avant de me déplacer. J’ai reçu mes petites graines à planter, il me tarde de les semer et de les voir grandir.

Jeudi 30 avril 2020
À neuf heures trente, réunion Zoom avec le directeur et les collègues de mon école de rattachement. Je décide d’y assister depuis mon lit, après tout j’y travaille souvent le matin au réveil, c’est efficace et productif. Je m’octroie cette liberté, correctement coiffée et habillée. Je pense à Alexandre le bienheureux et à son système de poulies manœuvrées depuis son lit pour éviter d’en sortir, un des collègues aussi, alors on rit.
Ce qu’il faut retenir : le directeur a deux réunions d’importance l’après-midi, l’une avec le maire, l’autre avec l’inspecteur, alors on y verra (peut-être) un peu clair lorsqu’il nous transmettra les infos.
         Déjeuner puis sortie en bottes et en imperméable à capuche sous la pluie, avec mon attestation, mes clés, mon appareil photo. Je change d’itinéraire, je me dirige vers le pont de la Marne, je tourne à droite en direction du Camping de l’Ile Demoiselle.
De gros engins de chantier barrent le chemin d’accès, des déchets en tout genre jonchent les sols, la maison de l’accueil est en ruines, en fait le camping est à l’abandon, complètement dévasté. Une expédition rurbex, ça vous tente ?
J’entre dans le parc, la pluie s’est arrêtée, le soleil revient entre deux nuages, la lumière est belle, la verdure luxuriante, je prends des photos. Incursion dans la maison, découverte de deux grandes signatures colorées, très soignées, pas bâclées : premier trésor !
J’ose monter les escaliers en maçonnerie, aucun risque qu’ils ne s’écroulent, et là, deuxième trésor : un « Camping Paradise » admirablement lettré et illustré ; un homme, un guerrier, tenant non pas une lance mais un lampadaire allumé.
De là-haut je contemple la vue, la glycine qui orne les murs de la maison offre une floraison foisonnante. Je redescends et vais me promener dans l’allée principale de feu le camping. Pas d’autre trésor débusqué (à part quelques petites choses), par contre des déchets, partout des déchets, des pneus, des sacs poubelle, des gravats, du plastique, des branchages, du mobilier défoncé, une décharge à ciel ouvert.
Bientôt, en exclu sur ce blog, ma galerie photo « Rurbex au Camping de l’Ile Demoiselle ».

Vendredi 1er mai 2020
J’ai acheté du muguet pour moi et deux de mes voisines. Je leur ai offert l’une avant ma promenade en bottes, l’autre en revenant.
J’ai souhaité à chacune tout le bonheur du monde, l’une parce qu’elle se remet difficilement de l’attaque du virus (cœur fatigué, bronches altérées), l’autre parce qu’elle adore les chats et qu’elle a besoin de petites attentions comme celle-ci pour garder le moral.
Pas de rando à Suizy le dimanche 3 mai ; ç’aurait été l’occasion d’une réunion familiale, un rendez-vous annuel à ajouter à celui de Noël, la Toussaint et le début des grandes vacances (aux alentours du 19 juillet, date d’anniversaire de mon père). Annulée, rayée des cadres, barrée sur mon agenda.