J’entame donc
ma huitième semaine d’école fermée. Pour moi, le confinement a véritablement commencé
le vendredi 13 mars au soir, lorsque je me suis retrouvée chez moi à repenser à
ma journée, à ma dernière journée de
classe, avec des sensations de doute, de vide, de crainte et de tristesse. L’idée
du blog, alors, s’était imposée.
Petit retour
sur les trois jours précédents
Mercredi 29
avril 2020
Passage à la
pharmacie de mon village parce que personne ne fait la queue dehors, j’achète
un flacon de gel hydroalcoolique puisqu’il y en a à disposition (plus beaucoup
mais il y en a), je demande s’il y a des masques disponibles, non, mais la
pharmacienne m’en réserve deux (ils sont en tissu, utilisables quatre heures
durant, lavables vingt fois) et prend mon numéro de téléphone.
C’est le jour
de marché sur la place de l’église, j’achète des fruits et des légumes, un
boudin noir, six tranches de rosette et du bœuf en gelée fait maison.
Courses de la
quinzaine au supermarché, les rayons de farine sont vides, le caissier me dit
qu’il en arrive tous les matins, mais que là, à bientôt quatorze heures, j’arrive
trop tard. C’est comme les œufs, à un moment il y en aura, pas la peine de
psychoter/mégoter/chipoter. Il me reste encore de quoi faire au moins un
gâteau.
Ah oui, j’ai
refait mon premier gâteau depuis une interruption d’au moins six années. Ça
s’arrose ! (d’un bon verre de Bandol, souvenir de Marseille)
Plus de
terreau non plus, ni au magasin d’alimentation animale ; il y en a eu, il
n’y en a plus, pas avant quinze jours. Peut-être à la serre de Montjay ?
Je téléphonerai avant de me déplacer. J’ai reçu mes petites graines à planter,
il me tarde de les semer et de les voir grandir.
Jeudi 30
avril 2020
À neuf heures
trente, réunion Zoom avec le directeur et les collègues de mon école de
rattachement. Je décide d’y assister depuis mon lit, après tout j’y travaille
souvent le matin au réveil, c’est efficace et productif. Je m’octroie cette
liberté, correctement coiffée et habillée. Je pense à Alexandre le bienheureux
et à son système de poulies manœuvrées depuis son lit pour éviter d’en sortir,
un des collègues aussi, alors on rit.
Ce qu’il faut
retenir : le directeur a deux réunions d’importance l’après-midi, l’une
avec le maire, l’autre avec l’inspecteur, alors on y verra (peut-être) un peu
clair lorsqu’il nous transmettra les infos.
Déjeuner puis sortie en bottes et en imperméable
à capuche sous la pluie, avec mon attestation, mes clés, mon appareil photo. Je
change d’itinéraire, je me dirige vers le pont de la Marne, je tourne à droite
en direction du Camping de l’Ile Demoiselle.
De gros
engins de chantier barrent le chemin d’accès, des déchets en tout genre
jonchent les sols, la maison de l’accueil est en ruines, en fait le camping est
à l’abandon, complètement dévasté. Une expédition rurbex, ça vous tente ?
J’entre dans
le parc, la pluie s’est arrêtée, le soleil revient entre deux nuages, la lumière
est belle, la verdure luxuriante, je prends des photos. Incursion dans la
maison, découverte de deux grandes signatures colorées, très soignées, pas
bâclées : premier trésor !
J’ose monter
les escaliers en maçonnerie, aucun risque qu’ils ne s’écroulent, et là,
deuxième trésor : un « Camping Paradise » admirablement lettré
et illustré ; un homme, un guerrier, tenant non pas une lance mais un lampadaire
allumé.
De là-haut je
contemple la vue, la glycine qui orne les murs de la maison offre une floraison
foisonnante. Je redescends et vais me promener dans l’allée principale de feu
le camping. Pas d’autre trésor débusqué (à part quelques petites choses), par
contre des déchets, partout des déchets, des pneus, des sacs poubelle, des
gravats, du plastique, des branchages, du mobilier défoncé, une décharge à ciel
ouvert.
Bientôt, en
exclu sur ce blog, ma galerie photo « Rurbex au Camping de l’Ile
Demoiselle ».
Vendredi 1er
mai 2020
J’ai acheté
du muguet pour moi et deux de mes voisines. Je leur ai offert l’une avant ma
promenade en bottes, l’autre en revenant.
J’ai souhaité
à chacune tout le bonheur du monde, l’une
parce qu’elle se remet difficilement de l’attaque du virus (cœur fatigué,
bronches altérées), l’autre parce qu’elle adore les chats et qu’elle a besoin
de petites attentions comme celle-ci pour garder le moral.
Pas de rando
à Suizy le dimanche 3 mai ; ç’aurait été l’occasion d’une réunion
familiale, un rendez-vous annuel à ajouter à celui de Noël, la Toussaint et le
début des grandes vacances (aux alentours du 19 juillet, date d’anniversaire de
mon père). Annulée, rayée des cadres, barrée sur mon agenda.