Finis,
terminés, abolis, oubliés, renvoyés aux calendes grecques les applaudissements
de 20 heures en soutien aux soignants et à toutes les personnes ayant contribué
à la santé, au confort, à la sécurité de leurs concitoyens confinés ! Rayés
des mémoires, ces gens indispensables qui ont continué à travailler sans
compter leurs heures, puisqu’a priori, tout le monde est retourné au travail
depuis lundi 11 mai.
Après avoir
eu peur de mourir, les Français n’auraient maintenant qu’une idée en tête :
partir en vacances cet été. Où, quand, comment, avec qui, par quel moyen de
transport, dans quelles conditions, là serait leur unique préoccupation existentielle.
Mais oui,
bien sûr ! Depuis la bénédiction d’Édouard Philippe sur le début de la fin
du confinement touristique, tout le monde s’active à la préparation de ses
vacances avec moult interrogations sur ce que l’on pourra faire ou pas.
Hier soir sur
France Inter (émission « Le téléphone sonne »), j’ai écouté avec
consternation de tristes sires se plaindre d’avoir dû annuler leur
séjour aux States, en Sardaigne ou sur la Costa del Sol, et hésiter actuellement
entre les plages atlantiques ou méditerranéennes, les montagnes auvergnates,
jurassiennes, alpines ou pyrénéennes, les fins-fonds de la campagne, avec ou
sans gluten…
C’est qu’il
faut relancer l’économie ! Après deux mois relativement tranquilles à la
maison, ordre nous est donné de la quitter, d’aller vers d’autres horizons, de faire
chauffer la carte bancaire sur Internet (garanti sans virus) pour s’assurer, en
juillet et/ou en août, une place au soleil. Foutaises…
Ben moi ce
soir, en rentrant du travail, j’ai commencé par écouter le plus plombant des
albums d’Hubert-Félix Thiéfaine « Dernières balises (avant mutation) »
déjà évoqué dans un post précédent, avant de bifurquer vers de vieilles
chansons de Gérard Manset.
Pourquoi
avoir choisi celle-là : « Marin’ Bar » ? Plutôt qu’ « Animal
on est mal », « On ne tue pas son prochain » ou « Il
voyage en solitaire » ?
Parce que,
malgré sa rythmique entraînante, ses sonorités caribéennes et le tube qu’il fût
à l’aube des 80’s, je sens poindre, derrière la joie apparente de cette fille,
libre certes, une confrontation avec la vacuité de sa vie.
Allez, je
mets aussi « Comme un guerrier », au désespoir plus explicite, qui m’a
fait plus d’une fois pleurer.
Demain, s’il
est ouvert, je me rendrai au cimetière de Château-Thierry, j’irai voir Yas, je fleurirai
sa tombe et celle de son frère Karim, tous deux disparus à la cinquantaine… Comme
ils me manquent !