Adieu mon
pays de Cocagne, fini le poil dans la main payée à rien foutre (regarder la
poutre dans l’œil du voisin), retour aux « vraies » valeurs : travailler,
produire, consommer, gaspiller.
Hier,
dimanche 10 mai, dernier jour avant le lâcher des fauves, j’ai vécu ma journée
dans la perspective de retour à mon
rythme d’avant, j’ai jaugé des tâches accomplies pendant mes deux mois de relâchement
confinement.
Vivre seule,
indépendante, sans avoir de comptes à rendre à qui que ce soit, je savais déjà
faire, il n’y a pas eu de grands changements de ce côté-là. Je n’ai pas pour
autant procédé au repli sur soi, m’entretenant
quotidiennement avec ma voisine Élisabeth depuis sa terrasse, bavardant de ci
de là avec les autres voisins-voisines de la résidence, en respectant bien sûr la
distance imposée.
Conversations
téléphoniques, échange de courriels réguliers avec ceux-celles qui comme moi
aiment bien écrire, pratique du blog à raison d’un post par jour, applaudissements
généreux pratiquement tous les soirs, n’oublions pas les contacts chaleureux
avec les commerçant-e-s, les caissières et caissiers du supermarché… Bref je n’ai
pas cessé de communiquer.
La pratique d’une
activité physique en plein-air quasi quotidienne (puisque j’ai cette chance d’habiter
un village entouré de champs, de chemins et d’espaces boisés) m’a permis de
garder la forme et le moral, de ne pas prendre de poids (ne pas en perdre non
plus mais c’est déjà pas mal), de découvrir des rues, des habitants que je ne
connaissais pas, de prendre des photos (paysages, tags et graffs, jardins,
maisons, cabanes), d’appréhender mon cadre de vie sous un angle différent.
J’ai pris
soin de mon intérieur sans pour autant devenir une maniaque du ménage, je suis
venue à bout du rangement de ma CDthèque, j’ai réalisé trois compils « spécial
confinement » de soixante titres chacune (la quatrième est en bonne voie),
j’ai écouté la radio en direct ou en replay, regardé quelques journaux
télévisés, visionné les allocutions de notre Président, les interventions du
ministre de l’Éducation nationale, les discours du gouvernement… Par contre je
n’ai vu aucun film, par crainte, sans doute, de trop aimer la passivité
suscitée par les images animées, de m’y complaire et de m’y perdre. Pourtant j’ai
surfé sur le net, je suis restée au lit à pianoter sur l’ordi en sirotant du
café jusqu’à des heures indues, mais dans ma tête ce n’était pas pareil.
Je suis
restée en mouvement, disciplinée, sur le qui-vive, me levant tous les jours à (environ)
sept heures et demie même si je n’avais pas beaucoup dormi durant la nuit (difficultés
à trouver le sommeil), repoussant l’envie d’une sieste en début d’après-midi
qui n’aurait eu d’effet que d’augmenter les insomnies (j’ai bien cédé une ou
deux fois quand même), je me suis occupée de mes chats qui me l’ont rendu au
centuple ; nous avons pris l’habitude, eux et moi, de faire un circuit à l’intérieur
de la résidence le soir après manger ; j’ai un peu jardiné, j’ai trituré
la terre (je n’ai pas de jardin, seulement des fleurs et plantes en pots en
intérieur et extérieur), j’ai lu des livres au lit et au soleil, des nouveautés
achetées au tabac-journaux du supermarché qui a agrandi son rayon librairie…
Me voici
arrivée au terme, voilà ce que j’ai fait pendant deux mois, maintenant que vogue
la galère, nous sommes tous sur le même bateau, nous sommes tous solidaires, mais
parviendrons-nous à empêcher certains de se noyer ?
Ce blog va
continuer, c’est le journal de bord d’une pandémie et aux dernières nouvelles,
elle n’est pas encore/tout à fait finie.
Par contre,
je ne m’impose plus le dogme d’un post par jour. Ce sera selon mes inspirations
et mes disponibilités puisque je vais retourner dans la vie active.
Fidèles lecteurs,
lectrices, au revoir, à bientôt !