dimanche 5 avril 2020

Ce matin-là

Ce matin-là, quand je me suis réveillé, il faisait froid. Je n’avais pas fermé correctement la fenêtre de ma chambre en me couchant hier soir et elle était grande ouverte. Bien au chaud sous les draps, je ne m’en étais pas rendu compte, je m’étais endormi du sommeil du juste…

Pointant mon nez pour respirer l’air de la pièce, prendre la température en quelque sorte, me préparer à sortir du lit pour une nouvelle journée, j’ai ressenti ce froid sur mon visage, ce vent glacial qui venait du dehors.

Vite ! Je me suis levé, j’ai passé ma robe de chambre et enfilé mes chaussons en peau de mouton, je me suis dirigé vers la fenêtre, j’ai fermé d’un coup les deux battants, puis tourné la poignée à fond.

Pour retrouver un peu de chaleur, je suis allé poser mes mains au-dessus du radiateur mais il était éteint. Ceux du salon et de la cuisine aussi. Mince, ce n’était pas de chance ! J’étais pressé ce matin-là mais je ne pouvais quitter la maison sans aller faire un tour à la cave pour vérifier la chaudière, la remettre en marche si besoin…

Tant pis ! Je sacrifierai mon petit-déjeuner, je prendrai des gâteaux à grignoter en route, je ne voulais surtout pas rentrer le soir dans une maison gelée, après une journée de travail qui s’annonçait déjà bien remplie, puis des invités à accueillir pour le dîner.

En ouvrant la porte permettant d’accéder à la cave, j’ai été pris d’un doute avant de poser le premier pied pour descendre. Bien m’en a pris ! Il y avait un trou noir et béant à la place de ce moyen fort simple que j’avais emprunté pas plus tard que la veille, pour aller chercher quelques bouteilles de vin en prévision de la soirée.

Cette soirée avait-t-elle déjà eu lieu ? Ou bien serait-ce tout à l’heure, avec l’arrivée des premiers convives aux alentours de vingt heures ? Je ne savais plus, je me sentais confus, la tête m’a tourné, je me suis adossé au mur pour reprendre mes esprits. Je ne parvenais pas à me souvenir de quoi que ce soit !

Il y avait ce grand vide comme seul accès à la cave, il y avait ce silence sourd venant du bas, me confirmant que la chaudière s’était bien éteinte au cours de la nuit. Déconcerté, désappointé, je sentais bien que je n’étais plus maître de la situation. Quelque chose m’échappait.

Lorsque j’ai voulu aller au grenier chercher des vêtements chauds (j’avais aménagé une partie des combles en dressing), je me suis rendu compte que ce qui aurait dû se trouver là n’y était pas.

En fait, il n’y avait tout simplement… rien.

L’ouverture rectangulaire et la trappe, levée en permanence, prouvaient bel et bien l’existence du grenier, mais ayant levé mes pieds l’un après l’autre pour tenter de monter, je ne rencontrai aucun appui et je faillis tomber. 

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