Passage express
lundi matin à mon école de rattachement, le temps de revoir (de loin) mes
collègues, de m’affubler d’un masque à usage unique qui n’a pas tardé à m’embarrasser
car j’ai eu envie d’un café, et la secrétaire de l’inspection m’appelait pour
me donner mon affectation pour la semaine
a-t-elle précisé.
J’ai fini
tranquillement ma tasse puis j’ai repris ma voiture pour me rendre à l’école
élémentaire de la petite ville d’à côté, celle où j’avais effectué un
remplacement de trois semaines dans la fameuse
classe de CE1B où les enfants tombaient malades comme des mouches, terrassés
par ce qu’à l’époque (fin janvier début février) on appelait une forte grippe.
Durant cette
période, il n’y a pas eu un jour où j’ai travaillé avec la classe entière.
Certains arrivaient le matin avec une petite mine et repartaient chez eux le
midi après appel à leurs parents parce qu’ils s’étaient écroulés sur leur table,
parce qu’ils toussaient, parce qu’ils avaient mal au ventre, parce qu’ils
avaient vomi, parce que leur température dépassait les 38°C.
Les premiers
signes sont apparus pour moi le mercredi avec un mal de gorge ; le jeudi j’ai
eu mal à la tête, des courbatures et mon système respiratoire a commencé à s’encombrer ;
le vendredi (dernier jour de classe avant les vacances) je me suis réveillée
avec une forte fièvre mais j’ai décidé d’aller quand même à l’école car je ne
voulais pas être délestée d’un jour de carence.
À la récré de
dix heures j’ai pris rendez-vous avec mon médecin traitant, au cours de la
journée j’ai clôturé mon remplacement (corrections, mise en ordre du
cahier-journal, rangement de mes affaires…), avec les élèves présents on a fait
des jeux de société et un goûter l’après-midi mais je n’en menais pas large…
Rentrant chez
moi je me suis mise au lit frigorifiée et tremblotante avec 38,9°C au
thermomètre, à dix-neuf heures dix j’étais chez le médecin qui, après m’avoir
examinée et déclaré que ce n’était pas la
grippe, m’a prescrit du Doliprane, du pschitt
pschitt pour le nez, du sirop et du repos.
Bonjour le
début des vacances d’hiver. Le samedi j’ai dormi, le dimanche j’ai dormi, le
lundi j’ai préparé mes affaires pour mon départ dans le Jura avec ma mère, le
mardi on est parties, dans la nuit je n’ai pas cessé de tousser, le mercredi
matin j’ai pris rendez-vous chez le médecin de la station qui m’a donné des
antibiotiques, j’ai dormi tout l’après-midi et encore toute la nuit, le jeudi
je n’étais pas plus vaillante…
Je n’ai pas
fait de ski m’en sentant tout bonnement incapable,
juste une balade en raquettes le vendredi après-midi et de courtes promenades.
Avec ma mère nous avons visité les musées des alentours, elle préparait de bons
petits plats midi et soir, je n’avais pas trop d’appétit mais je n’ai pas
souffert d’une perte de goût, tant mieux.
De retour à
mon domicile, poursuivant le traitement antibiotique, je n’ai fait que dormir,
encore et encore, ainsi j’étais fraîche et dispose pour retourner au travail le
lundi 24 février au matin. C’est alors que le virus, qui jusqu’alors se limitait à faire
des dégâts en Chine, s’est imposé en Europe de façon bien réelle.
Voilà toute l’histoire.
Depuis j’ai revu mon médecin traitant qui n’exclut pas que j’ai été frappée d’une
forme particulière du Covid-19, comme de nombreuses autres personnes début 2020.
Lundi 11 mai,
donc, réunion de l’équipe enseignante, chacun-e dans un coin de la classe avec
un masque à usage unique sur le visage, son gel hydroalcoolique personnel à
portée de main puisque les flacons promis par l’administration n’avaient pas
encore été livrés (mardi soir il n’y en avait toujours pas), point sur les
enfants qui seraient présents dès jeudi 14 mai et ceux qui ne reprendraient la
classe que mardi 2 juin, passage de l’infirmière pour répondre aux questions et
évaluer le respect du protocole sanitaire (loin d’être au top), encadrement des
huit enfants de soignants occupant la salle attribuée au centre de loisirs pour
permettre aux enseignant-es de l’école de préparer leur classe, de repenser l’espace,
de condamner l’accès au matériel pédagogique collectif (bibliothèque, jeux de
société, outils de géométrie…).
Mardi 12 mai,
comme le nombre d’enfants du personnel prioritaire est monté à treize, il a
fallu faire deux groupes dans deux endroits différents. J’ai encadré les cinq
élèves de maternelle dans la salle du centre de loisirs en compagnie d’une
ATSEM : Marianne le matin, Martine l’après-midi.
Nous avons
expérimenté l’application du protocole, une place attitrée à chacun-e sur une
table pour le travail de classe et autres activités éducatives, leur manteau déposé
sur le dossier de leur chaise, un lavage des mains régulier, le portage du
masque en permanence pour les adultes (je ne me serais pas crue capable de le
supporter pourtant je l’ai fait et a priori ça ne gênait pas plus que ça les
enfants), par contre pour le jouet personnel il faudra repasser, pour la récré sans rien à manipuler c’est pareil, les
petits ne sont pas à cours d’idées pour s’amuser avec des fleurs cueillies dans
la pelouse ou des pommes de pin ramassées sous les arbres…
J’ai installé
dans la cour un parcours sportif avec des plots et des cerceaux auxquels les
enfants n’avaient pas le droit de toucher, ça a très bien marché, ils étaient
très contents de pouvoir sauter, courir, contourner, slalomer…
Jeudi 14 mai
ce sera une autre paire de manches mais Cool
Raoul on n’est pressé de rien, on n’a pas le bac à leur faire passer, juste
une rentrée des classes extraordinaire à prendre comme telle, avec sérieux,
certes, mais humour aussi ; enfin c’est ce que je compte faire.
Quand même,
pour finir, un des collègues de l’école l’a attrapé, le coronavirus, et heureusement
pour lui, il s’en est bien sorti.